L'Histoire du rock - Episode 4 : Les concerts planétaires et la conscience mondiale.
Le punk, le heavy metal et le hard rock, ont consolidé leur position de force durant les années 70. Que ce soit aux Etats-Unis, en Angleterre, ou dans le reste du monde. Cependant, le succès commercial n’est pas le même pour les trois courants. Pendant que certains s’enfilent des coupes de champagnes dans des avions privés, jusqu’à plus soif, d’autres partagent la banquette arrière de voitures. Avec les membres du groupe, des puces et des cafards, enivrés des vapeurs d’alcool (quand c’est de l’alcool).
Le hard rock va attirer et plaire à une audience plus large que le punk. Ce qui explique le champagne et les avions privés. Avec des groupes, phares comme Led Zeppelin, les salles de concerts ne seront pas de taille pour accueillir un public grandissant.
Au début des années 70, Led Zeppelin affiche un guichet complet pour chaque concert. Se joindrons à ce mouvement au fil des ans, des groupes comme Queen, Kiss, The Police ou encore Dire Straits. Mais aussi des artistes solo comme Bruce Springsteen.
Le style brut et indompté des années 60 est bien loin, derrière. Jimmy Page et Robert Plant, insufflent à leurs concerts une puissance et une virtuosité sans précédent. Le tout mêlé à des moyens techniques innovants. Sans parler de tenues vestimentaires et de coupes de cheveux formidables.
Ces groupes vont saisir une opportunité. La séparation des Beatles en 1969, qui laisse un grand boulevard dont vont profiter tout d’abord, les champions contemporains, à commencer par The Rolling Stones et The Who. Ce sera la course à celui qui aura la plus grande scène. Les problèmes techniques qui ont forcé les Beatles à arrêter leurs représentations au milieu des années 60, ont disparu. Les micros sont puissants et les enceintes aussi. Les musiciens s’entendent jouer et chanter, ce qui n'était plus le cas pour les Beatles. Comme durant leur concert au Shea Stadium en 1965.
Avec les améliorations techniques, l'expérience de la scène, devient une amplification et un prolongement de la vie des albums. La première commence au studio, la deuxième sur scène. Avec des morceaux qui évoluent au fil des représentations. Les Beatles se plaignaient de ne pas s’entendre jouer sur scène à cause des cris de leur public. Ce qui est un bon curseur pour le compte épargne (le champagne, les avions, tout ça). Mais un très mauvais barème en ce qui concerne la prise de son. Que ces cris vient complètement chambouler.
En 1975, Queen va percer sur la scène mondiale. Je t’ai déjà parlé de leur album A Night at the Opera et du succès phénoménal qu’il va apporter au groupe. Le spectacle sera poussé à son paroxysme grâce à la présence scénique sans précédent de Freddie Mercury. Elu plus belle moustache d’Amérique, édition 77 puis 79. (Cette information est inventée. Mais ‘il y avait eu un concours dans le genre. Il l’aurait sûrement remporté.).
Face à un public grandissant et en s’inspirant des hymnes des stades lors de rencontres sportives d’envergure. Le groupe va créer un cantique qui servira de musique de fin pour tous leurs concerts We are the Champions, et son petit frère We Will Rock You. Des musiques écrites spécialement pour rassembler, partager et être chantées en groupe. Ce qui produit un rendu explosif au sein d’un public de plusieurs milliers de personnes.
À New York, des fans de Glam rock, inspirés de Bowie, Roxy Music et de Queen, vont décider de faire vivre à leur public une expérience live unique. Tout est misé sur le spectacle. La musique vient après. Il s’agit du groupe Kiss.
Kiss, live en 1977.
Le groupe va connaître un tel succès, qu’il va toucher aux alentours de 50 millions de dollars par an uniquement en produits dérivés. Leurs spectacles sont un mélange de pyrotechnie, de provocation et de lumières. Les ingrédients d’une recette qui va attirer des millions de spectateurs.
Toujours aux Etats-Unis, à l’extrême opposé de Kiss, se trouve Bruce Springsteen. Qui va prendre d’assaut la scène rock américaine. À la façon d’un Bob Dylan sous stéroïde. C’est la sortie de son single Born To Run en 1975, qui va le propulser sur le devant de la scène et le faire découvrir à un public américain, pour lequel ses paroles vont raisonner. Dans un contexte économique compliqué, particulièrement dans les villes de l’est. D’abord peu friand des grosses scènes, il va finir par y prendre gout et proposer un spectacle puissant (toujours à l’opposé de Kiss). La performance est musicale et l’énergie du groupe suffit à électriser les salles. Il va par la suite sortir l’album Born in the USA. Qui connaitra un succès mondial avec des tubes à la chaîne. Belle perf.
À Londres, cette tendance est également suivie par plusieurs groupes, à commencer par The Police. Stewart Copeland, le fondateur du groupe, a grandi au Moyen-Orient, cela va avoir un impact sur leurs musiques et la rythmique. Leur premier single Roxanne n’est pas un succès immédiat. Concurencé par des groupes punks, ils ne trouvent pas leur place. Ce qui va pousser le groupe à tenter une tournée américaine, qu’il autofinance. Après une tournée d’un an, le groupe commence à grimper dans le classement des ventes en Angleterre. En 1980, The Police va entamer une tournée mondiale hors des sentiers battus. Dans des pays où peu d’autres groupes occidentaux n’avaient pas joué auparavant. Comme l’Inde, l’Egypte ou encore la Grèce. Ça peut paraître peu exotique, mais durant les années 70 et 80, ce ne sont pas des zones où le rock a le plus grand impact commercial. Contrairement aux marchés américains et japonais.
En parlant de tournées internationales, Queen part faire une tournée en Amérique du Sud, au Brésil et en Argentine. Pour jouer devant à quelques spectateurs près, 200 000 personnes. C’est pas banal, mais ça rapporte du blé. En 1983 The Police sort Every Breathe You Take, qui va les catapulter encore plus loin sur le devant de la scène du Shea stadium, où les Beatles avaient jouer devant plus de 50 000 personnes en 1965. Près de vingt ans plus tard, plus de 70 000 personnes étaient présentes pour assister au concert du groupe. Pas mal pour une chanson qui parle d’un mec qui va suivre et espionner sa compagne.
D’autres groupes comme Dire Straits vont remplir les stades et écouler de gros stocks de disques. Dès leur album éponyme Dire Straits, ils vont connaître un grand succès, qui sera confirmé en 1985 grace au single Money for Nothing, avec ce riff de légende caractéristique du groupe. Le fait que le tube bénéficie d’un clip, va encore plus contribuer à sa diffusion. Dans ce tube, le groupe critique l’appât du gain après lequel courent tous les groupes durant les années 80. La critique n’est pas sociale ou politique. Elle est économique. Les sujets abordés durant les années 60 par les pionniers du rock ne font plus recette. Ou du moins, ne remplissent plus les stades. Alors qu’un morceau comme Sultans of Swings, est une aude au voyage et à l’onirique. Un genre de lâcher prise très caractéristique des années 80. Une décennie de l’insouciance sociale. Durant lequel le discours est globalement orienté sur des questions de générosité, d’ouverture et de don. (Pas que, évidemment).
Dans ce climat d’abondance dont bénéficient les pays occidentaux. Une conscience planétaire voit le jour. La naissance des médias de masses, va faciliter la circulation et la prise de conscience autour des événements à travers la planète. Des concerts et spectacles à but caritatif vont voir le jour un peu partout. Poussés par l’élan des artistes qui cherchent à profiter de leur statut pour éveiller les consciences. Comme durant la date historique du 13 juillet 1985, avec le concert “Live Aid”, retransmis en direct à la télévision, avec près de 700 millions de téléspectateurs. Rejoins par Sting qui chantera l’intro de Money for Nothing. La symbolique est forte. Prendre le monde à la gorge, pour lui faire prendre conscience des drames que connaît la planète. Queen et U2 vont également se rejoindre sur scène. Les membres du groupe vont interpréter leurs plus grands tubes.
Le groupe U2 à l’image du chanteur Bono, va faire de la défense de causes internationales un de ses chevaux de bataille. Comme la protection de l’environnement, un discours antimilitariste etc etc. Un exemple est durant un de leur concert, le Zoo tv. Ils vont avoir des écrans géants qui vont diffuser plusieurs images, dont la correspondance de reporters présents à Sarajevo en siège militaire à ce moment-là. Un concert au message profond et puissant. De la profondeur qui accompagne les représentations. Une profondeur qui manque à beaucoup d’autres groupes. Qui ne la cherchent pas, bien au contraire. Le rock retrouve une partie de son essence : la contestation. Elle ne concerne plus quelques habitants minoritaires d’une ville. Mais plutôt les populations opprimés de la planète entière. Des initiatives du genre vont fleurir, comme le collectif “USA for Africa”.
Comme de nombreux courants qui connaissent leurs succès, de nombreux groupes vont essayer de copier la recette du succès. Verrons le jour des Bon Jovi, des Twisted sister, Motley Crue, Van Halen ou encore Def Leppard. Des groupes qui copient-collent des éléments à droite à gauche. Mélangeant tous les courants. Allant du glam rock, au heavy metal en passant par le hard rock. Ça donne une énergie folle, des styles improbables et surtout beaucoup de travail pour les coiffeurs. Ce qui est une bonne chose considérant les coupes des années 80.
Les Twisted sisters, en 1984.
Pendant ce temps, le punk est toujours vivant, tapis dans l’ombre des caissons gigantesques des groupes de ce grand courant au fort succès commercial. Une vague de musiciens qui vont vomir sur le nouvel aspect commercial qu’a pris le rock, va voir le jour. Un courant de contestation qui n’aura pas grand-chose à envier au mouvement punk va voir le grunge.
En parallèle de ces grands succès sur scène. Une autre révolution voit le jour. À savoir celle des clips vidéo et de leur diffusion sur les nouvelles chaînes de musique comme MTV. Les stars pop comme Madonna, Michael Jackson, surfent sur cette nouvelle plateforme. À l’image du clip de la chanson “Thriller”. Qui sera un succès instantané et qui a touché un public plus large qu’aucun concert ne pourra jamais atteindre en une fois.