L'Histoire du rock - Épisode 3 : Metal, Punk, Hard rock… Les enfants rebelles du rock
Dans le deuxième épisode de l’histoire du rock, tu as pu voir comment le courant est devenu artistique. Plus qu’un courant, c’est devenu un mouvement, résultat de la fusion de plusieurs tendances artistiques. L’appropriation du rock par une jeunesse qui a plus d’une corde à son arc, et qui touche-à-tout.
Robert Plant et Jimmy Page, live en 1970.
En revanche, ce n’est pas le cas de tous les musiciens. La sélection se fait de plusieurs façons, mais la plus simple est ceux qui ont une formation musicale et ceux qui n’en ont pas. Aucune hiérarchisation ici, c’est pas le genre de la maison. Mais il y a une nette différence entre des musiciens ayant reçu une formation et ceux qui ont appris sur le tas. Je ne vise personne, mais tu vas comprendre que la différence est notable.
L’idée ici n’est pas de te faire une présentation exhaustive de ces trois courants. Il faudrait au moins un article pour chacun. Mais plutôt d’apporter un éclairage sur la chronologie de leur apparition et leur lien de parenté bien visible.
On va commencer par la base. Le hard rock. Tout d’abord, si tu penses que c’est des mecs (ou des meufs) qui crient à gorge déployée, tu tombes bien. Parce que c’est pas ça du tout. Le hard rock, c’est un courant qui fait son apparition avec les premiers guitar hero. Je t’avais déjà parlé de Jimi Hendrix et d’Eric Clapton. Mais il y a un autre guitar hero. Un autre Jimmy. Jimmy Page, le guitariste de Led Zeppelin. Qui va -de concert avec les autres membres du groupe, bien-sûr- créer un nouveau courant musical. Ça c’est pas dégueulasse. Beaucoup de groupes de hard rock créent un univers ou abordent des thématiques imaginées ou fantasmatiques. En résumé, ça parle de Satan, de diable et tout ce qu’il y a entre les deux. (J’exagère bien sûr, mais c’est pas si loin que ça de la vérité.) C’est illustré à la perfection par les chansons Stairway to Heaven de Led Zeppelin et Highway to Hell, d’ACDC.
Avant de te parler de la magie suprême de Led Zeppelin, un petit cours d’histoire. Je t’ai parlé du quatuor du rock, The Beatles, The Rolling Stones, The Kinks et The Who. Chacun sa façon, ces groupes ont révolutionné le rock. Mais ils ont pour point commun le blues. Une rythmique proche, mais c’est la technique qui change. Les origines du hard rock, se font sentir dans plusieurs morceaux, à commencer par Revolution des Beatles en 1968. Véritable ovni où la saturation de la guitare de John Lennon est poussée au maximum (ou pas loin).
Le son est tellement surprenant, que beaucoup de personnes vont renvoyer le vinyle à la maison de disques en pensant qu’il y a un défaut dessus. Alors que pas du tout. Les Beatles et le producteur George Martin sont juste des génies (faudra que je te parle de ce gars un jour, d’ailleurs).
C’est alors que des musiciens très techniques, vont apporter et croiser les nouvelles fondations du rock avec des influences de musique classique. Le mélange est détonnant.
Il faut bien sûr parler de Deep Purple. Dans ce live, il y a une intro à l’orgue qui est un instrument qui a fait sa place dans le monde du rock, on le retrouve dans la musique de plusieurs groupes, comme The Animals, Iron Butterfly ou encore Vanilla Fudge. Ça se savoure et c’est du jamais-vu. La technique est poussée à l’extrême.
La mélodie est travaillée et recherchée. Même la partie où Ritchie Blackmore joue de la guitare avec l’angle de la scène. C’est du jamais-vu, même si on retrouve un peu l’esprit des performances de The Who. La technicité en plus. (no offense the who).
D’ailleurs, Blackmore s’est inspiré de la cinquième symphonie de Mozart pour composer la légendaire intro de Smoke on the Water.
En voilà un bel exemple de mélange de genres, qui fonctionne à merveille. Ce n’est pas un cas isolé, la plupart des compositions classiques étant libres de droit, de nombreux musiciens vont s’en inspirer pour leurs compositions.
Dans la même famille, il est temps de parler de Led Zeppelin. Si tu ne connais pas le groupe (déjà, où t’étais ces 50 dernières années), mais admettons. Jack Black résume à merveille le groupe. “C’est un groupe qui écrit des chansons qui parlent d’amour. Qui parlent de vikings. Qui parlent de vikings qui font l’amour”. Aussi étonnant que ça puisse paraître, c’est assez vrai. The battle of evermore est un bijou qui s’écoute à toutes les occasions. Sur la route, seul dans sa chambre, de jour comme de nuit.
Mais la pépite infinie de Led Zeppelin. Leur chef d’œuvre absolu (et je dis pas ça parce que c’est ma chanson preferée de tous les temps), c’est Stairway to Heaven. Qui s’écoute tout pareil que la précédente, mais si tu l’écoutes avec un casque, c’est encore mieux, pour ne louper aucune subtilité de notes et de mélodies. Tu me remercieras plus tard.
De rien. Vraiment.
Dernière pièce de ce trio, c’est Black Sabbath. Un groupe connu grâce à ses performances scéniques obscures. Grâce à son chanteur déjanté Ozzy Osbourne, mais aussi à son guitariste Tony Iommi. Qui va perdre deux bouts de doigts à l’usine où il travaille. Il va devoir s’accommoder de son nouveau handicap, en jouant avec des cordes légères et en adoptant des accords lourds et lents. Ce qui donnera le son si particulier du groupe. Voici un exemple avec le titre Black Sabbath sorti en 1969.
Iommi joue ici une combinaison d’accords qui s’appellent le “triton”. Une série d’accords qui étaient interdits au moyen-âge, à cause de leur connotation satanique. Ce qui va beaucoup plaire aux membres du groupe. Jusqu’à créer tout un imaginaire autour du satanisme et du diable. Surtout Ozzy, qui va s’autoproclamer “le prince des ténèbres”. Un titre qui lui va bien quand on connaît l'histoire du bonhomme (qui est encore vivant contre toute attente, en 2023).
Pochette de l’album Black Sabbath, du groupe éponyme, sorti en 1969.
Le Heavy Metal est très proche du hard rock. Sauf que les riffs sont souvent plus rapides et les thématiques abordées sont différentes. Si les chansons parlent de mort et de sang, c’est probablement du heavy metal.
Ce courant voit le jour à la fin des années 60. Où les groupes d’acid rock, après avoir sûrement un peu trop chargé les doses, poussent leurs amplis au maximum et adoptent un son plus lourd (d’où le heavy, qui veut dire lourd en anglais. Tu speak peut-être anglais, mais je dis ça pour les deux du fond qui ont du mal à suivre).
Certains classent Black Sabbath dans le heavy metal. C’est un point de vue qui se défend complètement. Et qui se défend encore plus au fil de la discographie du groupe. Faisons un compromis et disons qu’il est à cheval entre les deux courants.
Mais des groupes comme ACDC et Motorhead, ou plus tard Slayer et Metallica, sont dans cette veine très particulière et électrique. Une énergie qui sera reprise plus tard par les groupes punk, mais patience, je t’en parle juste après.
Voilà ce que donne Motorhead.
Ça joue vite et ça joue fort. Mais surtout, ça chante fort. C’est la différence principale avec le hard rock. Ce courant a un succès modéré durant les années 70. C’est surtout lié au fait que ces morceaux sont difficilement radios diffusables. Ce qui a un impact direct sur leur popularité. Contrairement aux groupes de hard rock qui eux inondent les ondes.
Lemmy Killmister en 1973.
Des futurs groupes comme Van Halen et Iron Maiden vont contourner ce problème et réussir à faire des morceaux plus adaptés qui vont contribuer à faire connaitre ces groupes du grand public.
Le heavy metal restera dans les années 70 dans l’ombre du hard rock, plus populaire. Mais ses fans sont fidèles et de plus en plus nombreux. Bien que l’heure de gloire du heavy sera surtout durant les années 80. Voilà un exemple en 1983 d’un live de Metallica. La salle est petite, mais les guitares sont grandes.
En Angleterre, Judas Priest est un excellent prototype de heavy. le son de la guitare ainsi que la voix du chanteur Rob Halford.
Transition toute faite vers le punk anglais. Au début des années 70, le pays connaît une crise économique. La frustration est exacerbée par un climat politique tendu. Les artistes expriment leur frustration à travers la musique, mais en s’appuyant sur les fondations de leurs ainés, comme The Who ou The Kinks. Le rock progressif et contemplatif de groupes comme Pink Floyd ou Roxy Music, ne comble pas la frustration de cette jeunesse en colère.
L’impatience de cette partie de la population se ressent dans le choix de leurs musiques. Ce sont des chansons courtes, ou ça joue vite, ça chante fort tout en décrivant et contestant le système politique en place. De plus, le style évolue aussi, exit le style lisse des Beatles (du début), et place aux blousons en cuir, crettes de 15cm de haut et épingles à nourrice en guise de boucles d’oreilles. Le gendre idéal, quoi.
Iggy Pop et les Stooges vont être la tête de proue de ce courant. Mais de nombreux groupes vont suivre le pas, comme The clash, The Sex Pistols, The Ramones ou encore The Buzzcoks. Tu mélanges tout ça, et tu as un cocktail explosif qui va grincer les dents des conservateurs. Ecoute ça par exemple :
Ça décoiffe. Mais surtout ça s’écoute fort. Ce n’est pas vraiment une musique de fond sonore. Mais plutôt un plat de résistance. Les Clashs sont un groupe punk par essence, même si le son est différent. Mais il est dans la même tendance de contestation et de revendication.
Mais leur style évolue au fil de leur carrière. Passant d’un punk pur et dur, à un punk teinté de reggae. Ce qui adoucit un peu le tout. Mais ne le rend pas moins corrosif.
D’ailleurs, cette influence du reggae va avoir un rôle grandissant auprès de plusieurs groupes anglais, comme UB40 ou The Police durant les années 80.
Les années 70 sont le théâtre de l’explosion du rock en de nombreux courants qui se ressemblent de près ou de loin. Ils ont la même origine, mais vont suivre des chemins différents. Au fil des ans, les différences augmentent, créant des courants bien distincts avec des fans bien différents aussi.