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L'Histoire du rock - Épisode 2 - L’art-rock ou la performance scénique flanquée de flagrance artistique

écrit par Simo Essouci le mardi 7 mars 2023

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L'Histoire du rock - Épisode 2 - L’art-rock ou la performance scénique flanquée de flagrance artistique

 

Le rock connaît un début fracassant, qui fait du bruit dans les chaumières. Il résonne en écho entre l’Angleterre et les Etats-Unis avant de se propager dans d’autres pays principalement en Europe, puis en Asie et Afrique. Comme tout courant artistique, il va évoluer au gré de ses acteurs. Les ambitions changent. La volonté d’exprimer plus que de la musique se fait sentir. Les fondations du rock bien implanté, il va connaître plusieurs transformations, certaines au détriment d’autres.nUn des changements majeurs que va connaître le rock, c’est l’exploration sous forme artistique, combinée à un flou psychotropique.

L'Histoire du rock - Épisode 2 - L’art-rock ou la performance scénique flanquée de flagrance artistique

Roxy music, en 1972.
 

Pas mal de groupes vont mettre leur grain de sel (ou de sable, c’est selon) dans ces rouages. Un groupe parfaitement notable est Pink Floyd, qui signe chez EMI en 1967. Leur premier single, Arnold Lane, aborde le sujet peu commun (à l’époque) d’un travesti qui collectionne des sous-vêtements féminins. Pas banal. 

 

Le compositeur de génie du groupe, Syd Barett, étudiant en art à Cabmbridge (Tu vas comprendre l’importance de la formation artistique académique, dans la forme que va prendre le rock en lisant. He oui, c’est du spoil) va largement contribuer à orienter les tendances du groupe selon son prisme tout à fait unique. D’ailleurs, il crée des compositions en solo, pour aller encore plus loin dans son exploration de sa musique. David Bowie le cite d’ailleurs comme sa plus grande influence. C’est dire.

Pink Floyd va être le pionnier de ce nouveau courant, le “psychédélique” (qui élargit l’esprit). Le rock, la folie, l’introspection allaient suivre un bout de chemin ensemble, qui va s’éloigner de l’expression bestiale et primaire qu’avait connu le rock à ses débuts. Attention, cette expression sauvage ne disparaît pas pour autant, mais une chose à la fois. Leur deuxième single, See Emily Play, va les propulser au sommet des ventes en Angleterre. Les faisant passer d’un statut de groupe confidentiel, à celui de stars.

Au grand détriment du groupe et surtout de Syd, qui avait une approche scénique très particulière. Peu accommodable du jeu de scène en série. Il avait le sens de la performance unique

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Syd Barett, en 1967
 

Aucun des premiers concerts de Pink floyd ne se ressemblaient. Chaque représentation était unique. À l’image d’une œuvre d’art éphémère. Syd a composé le titre Interstellar Overdrive, qui était l’occasion pour chaque membre du groupe d’explorer ses instruments et ses envies. Le morceau pouvait passer de 10 à 30 minutes en fonction des soirs. La pièce expérimentale, au centre de leurs lives. Il était vu comme une performance qui évolue en parallèle des compositeurs. 

Une approche similaire se déroule de l’autre côté de l’Atlantique, à New-York. Sous la coupole d’Andy Warhol, les Velvet Underground explorent le rock, avec les sens aiguisés de Lou Reed, à la Factory, son studio à Manhattan. Au-delà de l’approche, une différence majeure entre Pink Floyd et les Velvet Underground, est la source de leur art. Les Pink piochent dans une analyse sociale de mouvements et tendances marginales de la société, tout comme les Velvet. Mais ces derniers vont mettre les mains dans le cambouis des rues malfamées de New-York des années 60. En parlant de trafic de drogues, de vendeurs et d’acheteurs, de l’influence des psychotropes et plein de joyeusetés dans le genre. 

Ils vont pousser l’art de la performance encore plus loin, grâce à la vision artistique de Warhol. Qui voit dans les Velvet, un moyen d’exprimer l’art autrement que par la peinture et le dessin qui commencent à l’ennuyer. Il s’intéresse au son et à l’image. En projetant sur scène et sur les musiciens, des images du groupe et de scènes montées par ses soins. Une belle image scénique qui accompagnera le groupe durant des lives dans des endroits aussi improbables les uns que les autres. À consommer sans modération.

Cette phase expérimentale sera le catalyseur de nouveaux mouvements combinant plusieurs formes d’arts. Les Pink Floyd vont largement s’en inspirer pour leurs performances scéniques. Ils vont combiner leur musique, avec de la vidéo, de la peinture, des sculptures et d’autres formes d’arts. Élargissant le sillon crée par les Velvet. Cela restera la marque de fabrique du groupe. Des lives démentiels et uniques.

Une créativité exacerbée par la drogue qui avait le vent en poupe à la fin des années 60, le LSD. Parfait pour explorer les méandres de sa psyché, mais qui va causer la perte du chanteur Syd Barett. Il sera remplacé par David Gilmour. Il continuera sur la lancée menée par Syd, et crée avec le groupe des performances inédites. Comme le fantastique live à Pompéi. Le groupe se sert de l’acoustique de l’amphithéâtre antique pour sa musique. L’effet sonore et le rendu visuel, combinés à la puissance des nouveaux morceaux du groupe sont puissants à souhait.

La forme de leur génie est la création du single Echoes. Bijou expérimental, reflet de leur quête de nouveaux sons à explorer. Ils n’improvisent plus leur musique, mais la conceptualisent et l’intellectualisent. Ce sera leur nouvelle direction musicale. Penser la musique, pour permettre à ceux qui écoutent la musique, de la vivre et ressentir. On n’écoute pas Pink Floyd, on le vit. 

Par la suite, ils vont composer leur chef-d'œuvre absolu Dark Side of the Moon qui a pour thème principal la folie. Les morceaux sont une succession de réfections et de créations qui font écho (jeu de mots volontaire) à l’exploration intérieure de leur public.
 

Les Pink et les Velvet vont ouvrir la voie à de nombreux jeunes artistes en quête d’une nouvelle forme d’expression de leur musique. C’est le cas du jeune David Bowie, jeune musicien folk au corps androgyne. Il va beaucoup s’inspirer et profiter de la liberté artistique crée par les deux groupes pour ses représentations. Après un séjour à New-York où il assiste à un live de groupe, il décide de monter un nouveau groupe, “The hype”. Ils vont se présenter sur scène avec des costumes et coiffures pour capter l’attention du public.``

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David Bowie et The Hype, live en 1970.
 

C’est ce spectacle qui fait basculer la carrière artistique de Bowie et l’encourage à créer son personnage de Ziggy Stardust. Déjà singulier grâce à son hétérochromie, il va pousser la distinction encore plus loin en arborant des costumes qui brisent la limite des genres. Expression à moitié déguisée de sa propre identité sexuelle.

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David Bowie live en 1974
 

Le succès du personnage de Ziggy Stardust and the Spiders From Mars, réside dans le fait que ce soit la compression de plusieurs formes artistiques, de questions identitaires. Reflet d’une jeunesse qui voit en Bowie, un messager venu d’ailleurs, étranger. Comme beaucoup d’adolescents, qui se cherchent. 

En suivant cette voie expérimentale, il va créer sans le savoir un nouveau courant du rock, le Glam-rock. Contraction de glamour et de rock. D’autres groupes vont suivre cette tendance. En repoussant encore plus loin les limites franchies par Bowie, comme Roxy Music ou Genesis. Tous les moyens sont bons pour se faire remarquer sur une scène rock qui commence à saturer et à se répéter.

Le groupe Genesis va passer en quelques mois de ça : 


 

À ça : 

Pour ne pas être quelconque, il ne faut ressembler à personne d’autre. C’est le credo. Brian Ferry de Roxy music a très bien compris ça. Sortant d’une école d’art à Newcastle, et après un début de carrière dans la peinture, il va former le groupe avec d’autres membres ayant la même vision de la représentation scénique que lui. Cela va apporter de la couleur, beaucoup de couleur. 

Une liberté d’expression artistique qui va flouter les frontières entre les courants artistiques. Une amorce de ce phénomène avait été apportée par les Who, mais poussée à des années-lumière durant les années 70. Un exemple parfait du mélange de ces genres, est la pièce de théâtre “The Rocky Horror Picture Show”, qui combine parfaitement les mouvements artistiques du début des années 70, que ce soit la musique, la mode ou le cinéma. Tout en le mélangeant à des questions de liberté sexuelle et de genre. Ça se boit comme du petit-lait.

En saluant évidemment la performance du formidable Tim Curry. Qui incarne à merveille son rôle tout en ayant une performance musicale irréprochable (le gars n’est pas chanteur à la base).

Ce film cristallise à merveille la révolution sociale et artistique que connaît une partie du monde occidental. Une jeunesse qui trouve grâce à l’art, une échappatoire au quotidien morose qu’a commencé à bouleverser le rock. Mais en y apportant de la couleur et de la fantaisie. Ce même élan va guider la mouvance du rock et du courant psychédélique. Avec une iconographie reconnaissable de tous. Sujet bien trop croustillant pour en parler en quelques lignes.

Quoi qu'il en soit, l’art rock aura de nombreux successeurs, en passant par Kate Bush et Madonna durant les années 80, ou Lady Gaga et Katy Perry plus récemment. Un show permanent, qui trouve son public pour notre plus grand plaisir.

Simo Essouci
écrit le mardi 7 mars 2023 par

Simo Essouci

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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