Les héros oubliés du rock. Part III : John McLaughlin
On continue et on termine notre série avec John Mclaughlin, probablement le guitariste le plus expérimental de cette série. Un artiste aux diverses inspirations, qui aura inspiré des dizaines d’artistes par la suite. Retour sur une carrière bien remplie.
L'un des guitaristes solistes les plus virtuoses de la fusion, John McLaughlin a mis sa vitesse fulgurante au service d'une passion spirituelle qui a fait évoluer sa musique et l'a ouvert à de nouvelles influences.
Qu'il se déchire sur une guitare électrique ou qu'il mijote tranquillement sur une guitare acoustique, l'intensité et la polyvalence de McLaughlin ont permis à son jeu de rester vital. Ses meilleurs moments apparaissent sur certains des plus grands enregistrements de la fusion, notamment Bitches Brew et Tribute to Jack Johnson de Miles Davis, ainsi que sur les expérimentaux The Inner Mounting Flame et Birds of Fire de son propre groupe, Mahavishnu Orchestra.
En 1976, il forme le quartet indo-jazz acoustique Shakti, avec qui il sort trois albums acclamés, et il continue à équilibrer son temps entre les projets électriques et acoustiques. Ses projets de fusion n’ont cessé d’innover, d’expérimenter, notamment avec Electric Guitarist en 1978. Aujourd’hui, McLaughlin continue de proposer des projets diversifiés, mais il s'attache à nouveau à incorporer des éléments de fusion issus des deux extrémités du spectre rock et jazz.
McLaughlin né le 4 janvier 1942 en Angleterre, et débute la guitare à l'âge de 11 ans. D'abord attiré par le blues et le swing, il travaille avec des artistes britanniques comme Georgie Fame, Graham Bond, Brian Auger et Ginger Baker. McLaughlin forme son propre groupe en 1968 et enregistre Extrapolation au début de 1969. Plus tard dans l'année, il déménage à New York pour rejoindre Lifetime, le groupe de fusion révolutionnaire de Tony Williams.
Par l'intermédiaire de Williams, McLaughlin est invité à rejoindre le groupe de Miles Davis, et devient un élément important de morceaux phares de la fusion comme In a Silent Way, Bitches Brew et A Tribute to Jack Johnson. En 1970, désireux d'explorer la musique acoustique et orientale, McLaughlin enregistre My Goal's Beyond. Il quitte ensuite Miles Davis et, après un autre album solo, McLaughlin se débarrasse quelque temps des instruments à vents.
Il réapparaît en 1971 en tant que leader du Mahavishnu Orchestra, un groupe phare qui a beaucoup fait pour définir et populariser les débuts de la fusion jazz-rock. Après une pause pour enregistrer avec Carlos Santana en 1972, McLaughlin dirige Mahavishnu jusqu'en 1975.
Revenant à des préoccupations spirituelles sur My Goal's Beyond, il forme ensuite Shakti, qui fusionne jazz acoustique et musique indienne. McLaughlin reprend sa carrière solo à la fin des années 70, en formant One Truth Band, et en enregistrant les albums Friday Night in San Francisco et Passion, Grace & Fire. Et au cours des années 80, McLaughlin s'essaye à la composition d'hybrides classique-jazz.
Dans les années 90, McLaughlin continue à enregistrer régulièrement dans des groupes électriques et acoustiques. Il signe chez Verve, où il restera pendant 13 ans. Au début des années 2000, McLaughlin est semble-t-il un peu nostalgique du temps passé, puisqu’il sort Remember Shakti : The Believer, un ensemble live dans lequel le guitariste est accompagné du mandoliniste électrique U. Shrinivas, du joueur de kanjira et de ghatam V. Selvaganesh et du joueur de tabla Zakir Hussain. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un album de Shakti à proprement parler, il fait néanmoins écho aux percées rythmiques et harmoniques complexes et étonnantes de ce groupe. Le groupe effectue une tournée et sort Saturday Night in Bombay un an plus tard.
Pendant toutes les années qui vont suivre, McLaughlin va continuer divers projets et continuer d’enregistrer. Toujours dans un esprit jazz et fusion, il va sans cesse expérimenter de nouveaux projets, créer de nouvelles musiques et retravailler sur d’anciennes créations.
Tout au long de sa carrière, John McLaughlin a su mélanger les genres, allant du rock progressif, au jazz en passant par des influences indiennes et espagnoles. Un virtuose de la guitare, aussi bien électrique qu’acoustique, qui a su mettre son talent au service de la musique, pour épater et surprendre.
Avec ces trois guitaristes, virtuoses et génies, on a vu que parfois une carrière ne se construit pas de manière linéaire. Chacun de ces guitaristes a fait partie de plusieurs groupes, plusieurs projets mais ont toujours su trouver leur public, reconnaissant de leur talent.
Des artistes peu conventionnels pour lesquels on a juste survolé leur carrière. Mais on vous promet des centaines d’heures d’écoute si vous vous penchez sur leurs dizaines et dizaines d’albums.