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Les héros oubliés du rock. Part II : Robin Trower

écrit par Maxim Ginoux le jeudi 2 juin 2022

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Les héros oubliés du rock. Part II : Robin Trower
 

On continue notre série des guitaristes peu connu avec un artiste hors norme, guitariste britannique de talent, à savoir Robin Trower. Retour sur une carrière de légende qui continue encore aujourd’hui, même à 77 ans, puisqu’il vient de sortir deux nouveaux morceaux. 

 

Les héros oubliés du rock. Part II : Robin Trower

Tout au long d'une carrière longue et sinueuse, le guitariste et compositeur anglais de blues-rock Robin Trower s'est constitué une base de fans dévoués tout en étant sans cesse (et injustement) comparé par les critiques à son pair Jimi Hendrix. Si le phrasé et l'approche harmonique de Trower lui sont propres, il admet volontiers que sa Fender Stratocaster customisée, ses effets fluides et sa pile d’amplis Marshall suivent directement l'exemple psych-blues de Hendrix. 

Après avoir quitté Procol Harum, Trower débute sa carrière solo en 1973 avec Twice Removed from Yesterday et explose l'année suivante avec Bridge of Sighs. Il fait équipe avec l'ancien bassiste de Cream, Jack Bruce, pour BLT en 1981 et Truce en 1982. Dans les années 90, il travaille avec Bryan Ferry sur Taxi en 1993 et Mamouna en 1994. En 2007, Trower et Bruce sortent Seven Moons. En 2020, il collabore avec le chanteur reggae Maxi Priest et le bassiste Livingstone Brown sur United State of Mind. 

 

Les héros oubliés du rock. Part II : Robin Trower

Né le 9 mars 1945 en Angleterre, Trower passe le début des années 60 à jouer de la guitare dans diverses formations londoniennes, la plus réussie étant le groupe R&B The Paramounts, qui se spécialise surtout dans les reprises, mais parvient à sortir plusieurs singles entre 1963 et 1965. 

Ce n'est toutefois qu'en 1967 que Trower connaît sa plus grande réussite, lorsqu'il rejoint Procol Harum. Le groupe vient d'enregistrer un hit mondial avec A Whiter Shade of Pale, mais le seul problème est que le leader du groupe, le chanteur et pianiste Gary Brooker, n'a pas de véritable groupe pour le soutenir. C’est pourquoi Brooker offre le poste de guitariste à Trower pour plus de stabilité.

Alors que Procol Harum contribue à lancer la carrière de Trower, il se rend compte qu'il y a peu de place pour son travail à la guitare. Il avait vu Hendrix jouer l'un de ses derniers concerts à Berlin, auquel Procol Harum avait également participé. Peu après, alors que Procol Harum partageait l'affiche avec Jethro Tull, Trower récupère la Fender Stratocaster du guitariste Martin Barre (qu'il utilisait exclusivement pour jouer de la slide). Après quelques minutes de jeu, Trower est happé et abandonne sa Les Paul pour une Stratocaster. Au-delà de l'équipement, le parcours musical de Trower a révélé une dimension harmonique très profonde.

Il quitte Procol Harum après l'album Broken Barricades de 1971 pour se lancer dans une carrière solo. Trower sort son premier album solo, Twice Removed from Yesterday, en 1973. L'album fait à peine son entrée dans les charts américains, mais cela change très vite avec Bridge of Sighs en 1974. Alors que les fans de rock sont encore sous le choc de la mort d'Hendrix quelques années plus tôt, l'album ressemble étrangement à ceux du guitariste décédé (en particulier son album de 1968, Electric Ladyland). Alors que les critiques le considèrent comme l'œuvre d'un imitateur, les fans de musique l'achètent en masse et la radio ne s'en lasse pas. L'album se hisse dans le Top 10 américain, atteignant la septième place. Il est certifié or en Amérique. Le public britannique, cependant, n'y prête que peu ou pas d'attention.

Bien que Bridge of Sighs soit son album solo le plus populaire, la carrière de Trower continue de monter au milieu des années 70, alors qu'il devient une tête d'affiche dans les salles de concert grâce à ses cinq albums consécutifs certifiés or, dont For Earth Below en 1975.

À l'aube des années 80, le succès de Trower dans les hit-parades diminue, chaque album se vendant moins que le précédent. En 1981, il fait équipe avec le batteur Bill Lordan et l'ancien bassiste de Cream Jack Bruce et sort BLT. L’album n’atteint pas l’effet escompté et la magie n’opère plus. Trower s'efforce d'élargir son public avec des albums qui remettent au goût du jour son style blues-rock, notamment Passion, un album très bien produit qui se classe dans le Top 100, et deux LP pour Atlantic dont In the Line of Fire qui sort en 1990 et qui ne rencontre pas son public.

Les héros oubliés du rock. Part II : Robin Trower

Trower retourne brièvement chez Procol Harum en 1991, avant d'accompagner Bryan Ferry pour deux albums. Fatigué du manège de l'industrie musicale, il crée le label V-12 pour ses propres sorties, qu'il inaugure en 1994 avec l'acclamé 20th Century Blues, son premier album avec le bassiste et chanteur Livingstone Brown. 

En 1996, le guitariste de King Crimson, Robert Fripp, déclare qu'il considère Trower non seulement comme un pair et un styliste, mais aussi comme une influence. 

À l'aube du XXIe siècle, Trower continue de sortir des albums solos. Go My Way paraît en 2000 et reçoit d'excellentes critiques, mais ne se vend pas du tout. En 2002, Trower travaille à nouveau avec Ferry sur Frantic et part en tournée presque sans cesse au début des années 2000.

Depuis, Trower enchaine les albums et les tournées, ne s’arrêtant jamais. Il ne rencontrera plus le succès qu’il a pu avoir dans les années 70 et 80, mais il vit pour sa musique qui est véritablement sa passion. À 77 ans, il continue de produire et de créer de la musique sans avoir perdu une once de talent. Il n’aura jamais connu le succès comme Jimi Hendrix ou Stevie Ray Vaughan, mais n’a pas besoin de rougir devant eux pour autant. Rendez-vous demain pour le dernier article de la série ! 

 

Maxim Ginoux
écrit le jeudi 2 juin 2022 par

Maxim Ginoux

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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mis à jour le jeudi 2 juin 2022

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