Les dessous des pochettes d’albums cultissimes - Épisode 5 - Nirvana - Nevermind
Au-delà de la musique, l’artwork qui l’accompagne a prit une réelle importance dans les années 60. Le vinyle, contrairement au CD, apparu dans les années 80, met beaucoup plus en valeur cet aspect du disque. Les galettes noires vivent aujourd’hui une nouvelle vie et donnent un surplus d’importance à la pochette d’album. Retour sur 5 des plus cultes d’entre elles abritant des histoires que l’on ne pouvait imaginer. On fini aujourd'hui la série avec Nevermind , le grand classique de Nirvana.
Réflexion et réalisation de la pochette
L’album Nevermind fait clairement partie des albums les plus cultes de l’histoire, et encore une fois, sa pochette n’y est pas pour rien. En 1991, le monde découvre un nouveau son, le grunge. C’est Kurt Cobain qui a eu l’idée de la pochette, et oui, il aimait lui aussi la provoque.
Nevermind s’est vendu à plus de 30 millions de copies. Un an plus tôt, le groupe est inconnu du grand public. À la base, la pochette devait être encore plus “choquante” que celle retenue. Un jour, Kurt Cobain et ses acolytes matent un documentaire traitant de l’accouchement sous l’eau. L’idée d’une pochette leur passe directement en tête. Ils soumettent alors l’idée à Robert Fischer, directeur artistique de Geffen. Cette idée de cover montrant un accouchement sera vite abandonnée car évidemment jugé trop choquante.
C’est donc l’idée d’un bébé qui flotte dans l’eau qui sera retenue. Une photo d’un bébé nageur est alors retenue, mais coûtait pas moins de 7 500 dollars par an de droits d’auteur… “Fuck it” se disent-ils, on va le faire nous-mêmes. L’idée est donc là, mais ce bon vieux Kurt a une autre idée en tête, rajouter un hameçon à l’image. Mais quoi y mettre au bout ? Le billet d’un dollar n’était pas la première idée et c’est bien grâce à cela que ces pochettes mythiques ont tant de choses à nous dire. Kurt Cobain pense au début mettre au bout de cet hameçon un CD, un steak ou encore un burrito…
Un spécialiste de la photo aquatique sera contacté pour réaliser le shooting photo dans une piscine de Californie. Le bébé de quatre mois utilisé pour réaliser la pochette de l’album est Spencer Elden, le fils d’un couple d’amis de Robert Fischer. Ils seront rémunérés seulement 200 dollars pour l'utilisation de la photo, une somme dérisoire quand on connaît le succès que connaîtra l’album.
Une semaine plus tard, cinquante photos seront envoyées à Robert Fisher. Une retient son attention, il le sait, c’est la bonne. Reste à rajouter le billet d’un dollar accroché à l'hameçon et le tour sera joué, la pochette de Nevermind est née. Le bébé symbolise la fougue, l’inconscience alors que le billet est le symbole des majors de l’industrie musicale et la société de consommation en général. Cela dit, chacun peut se faire sa propre interprétation de la pochette.
Censure et Baby Nirvana
Juste avant sa sortie, le label s’inquiétait du fait que le pénis du bébé soit visible. Il est donc proposé de l’enlever de l’image, mais ça, Kurt Cobain est loin d'être d’accord. Le seul compromis qu’il était prêt à accepter était de coller un sticker à la place du pénis disant : “If you’re offended by this, you must be a closet pedophile”... Évidemment, à ça, le label a plus qu’accepté de laisser le sexe de l’enfant…
Nevermind sort le 24 septembre 1991 et fait face, au-delà de son énorme succès à des critiques.
Un disquaire de Californie sera réprimandé par la police à cause d’un poster de l’album affiché sur la vitrine du magasin. Bref, toute l'Amérique puritaine est choquée, nevermind. En 2011, pour la célébration du 20ᵉ anniversaire de l’album, l'algorithme de Facebook n’a pas non plus approuvé la pochette sur le compte officiel du groupe et l’a supprimé du réseau social… Après l’indignation de milliers de fans, la photo a été rétablie avec un message d’excuse de Facebook. On préfère ça oui.
Le bébé de la pochette au pénis microscopique a bien grandi ! Spencer Elder qui grandira toute sa vie au même rythme que Nevermind s’est remis en scène, cette fois habillé. Plus de 30 millions de personnes avaient de toute manière déjà vu son intimité, ça suffisait… Pour ce nouveau cliché, il sera payé 200 euros symboliques. Il continue de vivre sa vie en tant qu’artiste et restera à tout jamais le Baby Nirvana, même s'il a tenté de coller un procès pour se faire un peu de tunes, refusé. Long Live Nevermind.