LIMPORTANCEDUVIDE, la MasterClass de Jacques

 

Les détenteurs des clefs mélodiques et verbales dans la scène française sont aujourd’hui rares, très rares. Pour en citer quelques-uns, Bertrand Belin, Feu! Chatterton, Philippe Katerine ou encore Flavien Berger font partie de ceux-là. Avec le génial LIMPORTANCEDUVIDE, un nouveau arrive pourtant plein gaz dans la cour des grands, Jacques. 
 

C’est quelque chose que je n’attendais pas. Une claque sortie de nulle part, dès la première écoute, le talent de Jacques transpire l’inspiration. Vous connaissez probablement ce musicien originaire de Strasbourg pour ses performances et connaissances impressionnantes des machines, ou bien ses cheveux, mais ça, ça fait chier d’en parler. Après un cambriolage de tout son matos de musique, une retraite au Maroc, Jacques revient en force avec quelque chose de nouveau, tant pour lui que pour nous. 

Le morceau Avec les mots explique bien le nouveau processus de Jacques, ce vide présent avec ou bien sans les mots. Musicalement, on savait déjà clairement que Jacques était calé. Durant ses premières années de carrière, il nous aura donc caché un petit trésor qu’il nous offre aujourd’hui, pour notre plus grand bonheur, ses mélodies et ses mots. Des mots justes, qui ne cherchent pas à aller vers le pseudo-poétique à deux balles. Des mots actuels, qui peuvent nous questionner, nous faire acquiescer, ou tout simplement nous parler. Du moins, ils me parlent. Quant aux mélodies, elles sont exactement celles qu’on veut entendre, des lignes mélodiques réconfortantes, optimistes et entrainantes. 
 

“Dans la vie de tous les jours
Il n'y a rien à signaler
Les voisins se disent bonjour
Et les chiens se laissent promener
J'suis content quand il s'passe rien
Au moins il s'passe rien de mal
C'est pas ce qu'on voit aux infos
C'est la vie de tous les jours”. 
 

Les textes de ce disque ne font qu’un, ils renvoient vers ce questionnement éternel du soi, de la vie, de ce qui nous entoure, de ce qui nous parait évident. Mais une fois mis sur papier, ce n'est plus si évident que ça. Une écriture qui touche parfois ce qu’arrive à faire Philippe Katerine depuis 30 ans. Dans Qu’en avez-vous fait, Jacques s’adresse directement à nous, on tente alors chacun de répondre dans nos têtes à cette question : 
 

"Mais les doudous, les tétines, les kaplas
Les dessins, les soldats, les consoles
Les costumes, les histoires, les cahiers
Les carnets, les messages, les colliers
Les cadeaux, les secrets
Et les projets que vous aviez

Qu'en avez-vous fait ? (Fait fait)
Qu'en avez-vous fait ? (Fait fait)
Qu'en avez-vous fait ? (Fait fait)".

Dans cet album, certaines phrases pourraient parfois faire penser à des punchlines de rap, du moins elles ont le mérite de provoquer une réaction chez l’auditeur. Créer des réactions, que ce soit pour le choix des mots ou bien des prods, c’est une des choses qui fait toute la modernité de LIMPORTANCEDUVIDE, un bouquet de chansons honnêtes, souvent brillantes. Les voix sont en avant, assumées et disent des choses qui valent d’être entendues. Et franchement, dans le paysage musical français du moment, ça fait du bien putain. 
 

“Mon point de vue est gratos, 
Je le donne à qui que ce soit”.


“Mais j’suis heureux quand j’me plante, 
Ça fait des nouveaux moi qui poussent”.
 

Au-delà des mots, la production du disque est excellente et d’une rare créativité. Elle arrive à mêler l’identité électronique et noise de base de Jacques avec la chanson d’une manière inédite. Vous savez, ce genre d’album où il y a toujours de nouveaux éléments à découvrir, même après une dizaine d’écoutes. C’est ça qu’on veut. Et parfois, les choix de production permettent de mettre encore plus en valeur une bonne chanson. C’est le cas du clou du spectacle de l’album avec C'est suivi de Rien.. Je ne dirais ici rien à ce propos, car tout est dit, et tout est à entendre dans rien.  

Un autre point fort de l’album, sa durée. 37 minutes pour 13 morceaux, souvent courts, ce qui donne directement envie d’y retourner, ce que je fais. LIMPORTANCEDUVIDE est donc à aller écouter de toute urgence. Les albums comme celui-là sont rares dans le paysage musical actuel, autant en profiter, et le partager. En espérant d’ailleurs que justice soit faite, ce genre d’album ne doit pas rester confidentiel, ce serait dommage. Jacques est en train de préparer un live qui s’annonce haut en couleur. On a d’ailleurs droits dans nos bureaux à quelques sons de batteries qui transpercent les murs jusqu’à nous. Jacques est en résidence dans le même couloir que nous au 104, à Paris. Il sera en tournée à partir d’avril. En attendant, il nous a donné de quoi faire. Jacques, si tu lis ça d'ailleurs, on est à l'atelier 19, en face.