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Entropie sort son premier EP : le renouveau du rock ?

écrit par Anne Billoët le vendredi 30 juillet 2021

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Entropie sort son premier EP : le renouveau du rock ?


Le groupe de 4 garçons originaires de banlieue parisienne nous fait découvrir un univers mixte. Dans The Dancing Plague, leur premier EP paru le 25 juin dernier, quelques références nous accueillent et nous font sentir confortables, juste avant de détonner avec des mélanges savants et un peu fous qui créent un équilibre parfait entre l’excitation et la paix. Un mot pour cet EP : c’est du rock.
 

Entropie sort son premier EP : le renouveau du rock ?

Dans la chambre d’Adam ambiance « roots late 60s à Manchester », les quatre membres d’Entropie regardent la caméra de leur ordi, pleins d’entrain.
Derrière tout nom, il y a une histoire. L’entropie, déjà, c’est ce concept que Valentin Fourneau, le chanteur du groupe, définit comme « ce que le chaos crée ».

Et The Dancing Plague n’échappe pas à l’identité de ces quatre rockeurs qui veulent remettre le rock, le vrai, le chaotique, au goût du jour : le nom fait appel à une épidémie de danse qui avait frappé Saint-Guy en 1518, où les malades du virus ne pouvaient s’arrêter de danser, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Dès l’intro de l’album, le ton est donné. Le son d’un câble qui se connecte à l’ampli se mélange avec un son si aigu qu’on pourrait penser à un Larsen, en contrepoint de voix humaines qui rient, follement. Un alliage qui angoisse, mais surtout, qui intrigue.

La volonté de ce groupe, qui a déjà connu une première formation et sort son EP avec un nouveau bassiste, Bertrand Sennedot, est de ramener le post-punk à l’ère d’aujourd’hui. Assidu public du Supersonic à Paris XIᵉ, ils ont préalablement tenté de s’insérer dans la scène indé de la capitale avant de se faire une raison : il leur fallait quelque chose de plus.

Ce je-ne-sais-quoi qu’on retrouve au fur-et-à-mesure que leurs chansons défilent est amené par chaque membre du groupe, qui chacun pris à part est différent et unique, mais qui en groupe s’accordent et créent un tissu contrasté, texturé et une tension qui sans stresser, appelle, intrigue et fait sourire. Un peu comme leur album.

 

 

Portraits :

 

Loan Julienne, les yeux qui pétillent, c’est un batteur qui aime la funk, la soul groovy et Jamiroquai. Ce qu’il aime, c’est provoquer les acquis et les codes des percussions. Sur le premier morcceau de l’EP sorti par le groupe, Teenager Summertime, il s’éloigne des pistes au rythme ternaire de ses trois acolytes et y ajoute un tempo à quatre temps, « ce qui donne la brillance du son », selon Valentin, le chanteur.

Loan aime aussi reprendre des idées lancées par Adam Leroy, le guitariste, qui leur apporte des loops et des effets créés par le biais des diverses machines qui parsèment sa chambre / studio / labo ; l’auto-proclamé « savant fou » du groupe possède en effet assez d’instruments de transformation électronique pour faire évoluer Rammstein en Frankenstein, et ses goûts musicaux partent de la city pop pour aller vers Mozart en passant par Gorillaz et Diiv.

Valentin, le chanteur et auteur de l’équipe, posé au centre du carré qu’ils forment sur le divan d’Adam (presque en formation de scène) aime les Arctic Monkeys, Freddie Mercury et Frank Ocean. Sa voix change à chaque chanson, passée parfois aux effets d’Adam qui viennent la distordre, parfois acoustique, souvent, voire presque toujours en rappel des vocalises brisées de Julian Casablancas [le chanteur des Stokes, ndlr].

Entropie sort son premier EP : le renouveau du rock ?

Bertrand, le bassiste, apporte au groupe sa formation de jazz au conservatoire, le guide et l’ordonne un peu, tout en lui conférant sa grande passion du rap. En bref, ses goûts et inspirations : Metallica, John Mayer, SCH.

Un assemblage qui révèle ainsi sa passion du contraste et sa volonté d’embrasser toutes les inspirations et styles qui les animent, et d’en faire un joyeux bordel bien orchestré ; du punk, du vrai, mais d’aujourd’hui.

Visuellement, on retrouve ce goût pour faire coller les deux mêmes bouts d’un aimant : leur premier son, Teenager Summertime, s’illustre par un ton assez punk rock classique, dans lequel on perçoit clairement les différentes influences musicales du groupe, mis en scène avec des scènes de battle de voguing au milieu des champs. Un clip signé Elhadji Khalidou, 3ᵉ assistant réalisateur sur le monstrueux Climax de Gaspar Noé. The Dancing Plague, la peste dansante, le virus du mouvement, c’est aussi et surtout la prière qu’adresse Entropie vers les cieux pour cet été. 


Appréciation de l'album :


Une vague new wave est clairement décelable en pointillés tout au long de l’album. On reçoit des solos de guitare électriques très mélangés en alternance avec un rock plus route 66 américain, et parfois des influences quasi-tribales qui tirent sur le métal. Un mastering intéressant qui jongle de la droite à la gauche vient les mettre en scène, qui ne peut qu’évoquer les Beatles et Eleanors’ Rigby.

Quant aux percussions, on capte des résonances totalement différentes de la récurrente batterie sèche de la new-wave. Les morceaux sont bien organisés, construits savamment pour garder l’attention de l’auditeur, parfois surpris, beaucoup enchanté par les nuances, les arrêts et les reprises du tempo.

Une mention spéciale ici pour deux morceaux : Ethic Classes, qui commencent presque en rap et se termine sur des chants communs, presque tribaux, créant une litanie contagieuse pour l’auditeur, et Silver Mad, morceau dans lequel la basse fait clairement partie des paroles du refrain.
Jungle : Gorillaz se ressent fort avec un petit rappel d’Oasis quelque part ? Guitares saturées et voix distordue à l’effet micro à l’ancienne. 

On aime l’album parce que chaque son a une identité à offrir, à travers les différents effets. Junkie Feeling, à l’inverse de Jungle qui suggère une modification vocale sur la voix qui ferait penser à une saturation façon Oasis dans Champagne Supernova, est un titre qui lui laisse une voix naturelle, acoustique, presque mélancolique. En plus, la composition musicale et la guitare d’Adam laissent passer une composition classique, un crescendo qui explique ici quand il désigne Mozart comme une de ses inspirations.

Un succès pour un album équilibré qui met d’accord tant de genres différents qu’il tient dignement sa place dans un nouveau genre du rock ! 

Anne Billoët
écrit le vendredi 30 juillet 2021 par

Anne Billoët

Rédactrice pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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