Trans Musicales 2023, 45 ans d'audace et de découvertes
Chaque année, les Trans Musicales se réinventent à Rennes, offrant une scène à des artistes émergents à la croisée des genres. On a passé 5 jours aux Trans, où l'éclectisme et la fraîcheur perdurent depuis 45 éditions. On vous raconte.
Au cœur de la scène musicale française depuis 45 ans, les Trans demeurent le berceau des découvertes artistiques audacieuses. Co-fondé par le visionnaire Jean-Louis Brossard, cet événement se distingue par sa capacité à dénicher des talents qui n’ont parfois encore jamais enregistré un seul titre. « L'ADN des Trans, c'est de proposer des groupes que personne ne connaît, des artistes singuliers qui ont une histoire, un truc à dire », explique Brossard. À travers 45 éditions, des noms comme Niagara, Daft Punk, Marquis de Sade, Lenny Kravitz, IAM, Justice, ou encore Massive Attack ont émergé, établissant ainsi un héritage musical éclectique et pérenne.
À chaque édition, une seule recette pour dénicher les artistes : des coups de cœur purs et durs. Une prestance scénique, une voix, une belle gueule… la sélection des Trans est selon son programmateur « un mélange de feeling et d’authenticité ». Et en parlant de feelings, le coup de cœur rock de Brossard cette année, c’est The Silver Lines. Un groupe anglais « un peu branleur » avec deux frangins à bord.
Birmingham s’invite au hall 3
Direction le hall 3 donc pour découvrir l’univers de The Silver Lines. Un groupe aux mélodies efficaces et une déferlante d'énergie brute sont au rendez-vous dans une salle comblée. La touche cozy avec le pull tricoté main dans la campagne anglaise, c'est leur style. Les frères Ravenscroft, Dan au chant et Joe à la guitare, sont à l'origine de ce projet qui casse les codes. Ils ont créé leur propre lane, accompagnés de Kindo à la batterie et de Joe à la basse. Une singularité qui se ressent également dans la prestation scénique envoûtante et chargée d'une intensité viscérale.
The Silver Lines © Nico M
Révélation électrisante au hall 8
Uche Yara incarne la fraîcheur. Cette artiste autrichienne n’a que 19 ans et nous emmène du rock psyché à la pop avec une aisance déconcertante. Bien que n'ayant pas encore sorti d'album, son impact sur la scène musicale est déjà indéniable. Imaginez cette jeune prodige, tout juste sortie du lycée, partageant la scène avec les Rolling Stones en première partie de leur concert à Vienne en juillet 2022. Accompagnée de ses trois musiciens, Uche Yara évoque la vibe des sixties, pantalon pattes d’éléphant et guitare psyché en main. Avec seulement trois titres disponibles sur les plateformes, le mystère qui entoure cette artiste ne fait qu'aiguiser notre appétit pour en découvrir davantage. Une chose est sûre, elle a conquis le hall 8 des Trans.
Uche Yara © Nico M
La Greenroom fait peau neuve
Cette enclave électro, autrefois dédiée exclusivement aux DJ sets, évolue pour accueillir désormais deux chanteurs par soir. Parmi les artistes qui ont marqué la Greenroom cette année, on retient les noms d’Audrey Danza, Kabeaushé, Surusinghe, et surtout la prestation de Sami Galbi du label Bongo Joe Records. Ce musicien helvético-marocain offre une fusion de raï et de chaâbi dans un cadre empreint d'énergie club. Doté de machines analogiques et de synthétiseurs, il revisite avec originalité les sons de son enfance, découverts dans les cabarets de Casablanca ou de Marseille.
Sami Galbi © Mozpics
Audrey Danza © Nico M
Tour de bécane
Yamê était la création de ces Trans 2023, succédant à Zaho de Sagazan, Lous and the Yakuza ou Aloïse Sauvage. Ses cinq concerts consécutifs sur la scène de l'Aire libre, dont les premières parties étaient assurées par Hanaa Ouassim, ont offert un voyage musical métissé et prometteur. Révélation de la chanson française notamment validé par le légendaire producteur Timbaland, Yamê présente son projet Elowi, une fusion inclassable influencée par Aznavour, le rap et la musique camerounaise. Une scénographie soignée, un sourire qui lui vaut sa singularité, et une bienveillance transpirante. Voici ce qu’on retiendra de son concert… avec bien sûr la douce mélodie de Bécane.
Yamê © Nico M
Un week-end rennais riche en éclectisme, en découvertes musicales et en festivités qui se termine donc avec une certaine nostalgie. Rendez-vous aux prochaines Trans pour découvrir de nouveaux noms dont on entendra beaucoup parler dans quelques années.