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Ces gens qui n’aiment pas la musique

écrit par Guillaume Ferrand le mardi 3 octobre 2023

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Ces gens qui n’aiment pas la musique

 

Taper sur des trucs, faire des incantations… Depuis que l’Homme est Homme, il a émis des sons, bien avant-même de savoir parler. Depuis toujours, chaque culture, chaque civilisation, chaque ère a eu son ambiance musicale. Il n’y a donc rien de plus inné, rien de plus universel que la musique, rien de plus fédérateur. Et ce n’est pas chez Janis que l’on dira le contraire : écouter de la musique, c’est un kiff, un moment d’extase, voire une drogue. Pourtant, imaginez-vous qu’il existe certaines personnes qui y semblent immunisées, voire éprouvent même un certain désamour envers le quatrième art. Pour eux, s’émouvoir sur la symphonie du nouveau monde de Dvořák ou s’enjailler à mort au Hellfest est viscéralement, si ce n’est génétiquement, impossible. Mais alors, comment cela se fait-il ? Qui sont ces hérétiques ? Combien sont-ils ? Y en a-t-il dans votre entourage ?! Avant d’entrer dans le vif du sujet, je dois vous confier quelque chose : j’ai commencé par galérer un peu en me lançant dans la rédaction de cet article. J’ai longtemps cru faire fausse route, ne sachant plus trop dans quel pétrin je m’étais fourré, puis tout s’est éclairci : en fait, il faut distinguer les amusiques des anhédoniques. C’est pourtant pas compliqué !

Ces gens qui n’aiment pas la musique
 

Les amusiques


On considère que l’amusie touche 2 à 4 % de la population. C’est une pathologie qui entraîne une incompréhension partielle ou totale de la musique. En gros, à l’instar d’un daltonien qui ne discerne pas les couleurs, l’amusique, lui, ne perçoit pas la musique. Pour ces gens-là, la musique n’a juste aucun sens, leur échappe complètement.

Selon les scientifiques, ce trouble serait dû à un excès de matière grise doublé d’une carence en matière blanche dans le cerveau. À quoi cette anomalie est-elle dûe, on n’en sait trop rien pour l’instant mais, cela a pour conséquence de rendre le sujet incapable de maîtriser la science de la musique (en gros, ce sera une bille en solfège).

Pour vous faire une meilleure idée du petit monde dans lequel vivent ces gens, imaginez-vous perdu à Pékin et que vous ne parlez pas un mot de chinois (croyez en mon expérience, c’est pour le moins perturbant !). À tel point que pour certains d’entre eux la musique peut même devenir source d’oppression, d’énervement, une nuisance sonore (comme pour moi par exemple quand je dois me taper les comptines de mon gosse de 3 ans en boucle - un supplice. Mais assez parlé de moi) auquel ils préfèrent les sons naturels

L’avantage, c'est que vous pourrez chanter ou jouer aussi faux qu’il vous plaira, faire des accords à base de coups de klaxon, l’amusique n’y verra que du feu ! Et ne lui demandez pas de vous fredonner une mélodie, il en sera incapable. 

La science rapporte même le cas d’un certain Théodore Roosevelt qui était incapable de reconnaître l’hymne de son propre pays, ou encore d’un Ernesto Rafael Guevara (oui oui, c’est bien le Che) qui pouvait visiblement danser des tangos quand l’orchestre lui jouait des valses. Hasta siempre, Comandante…

Ces gens qui n’aiment pas la musique
 

Les anhédoniques

 

L’anhédonique est en quelque sorte l’antagoniste de l’amusique. Il est bien en mesure de comprendre la musique (il arrive à déterminer s’il écoute un morceau enjoué ou mélancolique, percevoir les rythmes, la hauteur des notes etc.)? Mais elle ne lui procure aucune émotion, et ce quel que soit le genre musical - funk, rap, metal, classique, techno… rien n’y fait, rien ne passe ! La musique les indiffère, les laisse de marbre, ne leur fait ni chaud ni froid, et comme qui dirait, leur en touche une sans faire bouger l’autre (RIP Mr Chirac). Aucune émotion on vous dit.

On estime que 3 à 5 % des personnes seraient touchées par ce symptôme. Là encore, cela se passe quelque part dans le cortex : il s’agirait d’un “mauvais câblage” entre la zone qui traite les sons et la zone qui traite la délivrance de dopamine, cette si petite mais si précieuse molécule du bonheur. Pourquoi ces sujets sont-ils insensibles à la musique en particulier, alors qu’on sait que le reste de leur système de récompense est bien fonctionnel (une étude a en effet démontré qu’ils étaient bien sensibles au plaisir que procure le fait de gagner de l’argent par exemple…)? Cela reste encore un mystère… Mais ils sont indispensables à la science et à la recherche car si l’on sait déjà que la musique possède des vertus thérapeutiques, certaines (notamment pour les neurologues chez qui elle peut être utilisée pour stimuler l’activité cérébrale des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer par exemple), comprendre les mécanismes qui empêchent la musique de “pénétrer” permettraient d’en apprendre davantage sur des patients dont l’anhédonie n’est pas que musicale, mais généralisée (ou clinique). C’est à dire pour lesquels c’est tout le système de récompense qui est “déconnecté”, bloqué, troublé : les personnes atteintes de dépression, souffrant de schizophrénie, ou encore de toxicomanie ou autres addictions… 
 

La vie en musique, une erreur ?

 

Être accro à la musique, ça passe. Ne pas aimer le foot, la peinture, ou encore le cinéma, ça s’assume. Autant admettre qu’on n’aime pas la musique est socialement bien plus honteux, si ce n’est carrément handicapant, tant la musique est omniprésente (si ce n’est de plus en plus envahissante) dans notre société ; au point que la vie des amusiques ou des anhédoniques en devient bien compliquée. Difficile pour eux de ne pas se sentir en marge quand le moindre déplacement ne peut s'envisager, pour beaucoup de gens, sans musique dans les oreilles.

Encore une fois, ce n’est pas chez Janis qu’on dira le contraire : la musique adoucit les mœurs. On irait même jusqu’à dire que sans elle, la vie serait une erreur. Mais si ce n’étaient pas eux, au fond, malgré eux, qui avaient raison (et un peu Freud aussi, qui ne supportait pas la musique - apparemment il s’agirait d’un complexe d’Œdipe non résolu ou un truc comme ça…) : savoir apprécier la quiétude, les sons environnants, rester ouvert au monde plutôt qu’enfermé dans un casque audio et mettre de la musique en fond sonore par réflexe plus que par réelle nécessité ? Si à leurs oreilles le silence est d’or, à leurs yeux ce sont nous, les fans de musique, les drogués, les extra-terrestres, les cons. Allez, moi je pars m’injecter une dose car le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie (merci Pascal, entre junkies on se comprend) !

Guillaume Ferrand
écrit le mardi 3 octobre 2023 par

Guillaume Ferrand

Rédacteur chez Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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mis à jour le mardi 3 octobre 2023

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