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Voyage dans la fascinante carrière de Roxy Music 

écrit par Paul Cailly le lundi 14 novembre 2022

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Voyage dans la fascinante carrière de Roxy Music  

 

Connaissez-vous Roxy Music ? Eh bien, ici, deux choix: les initiés répondraient « Mais  bien sûr, tu me prends pour un con ou quoi ? On parle quand même d’un des groupes anglais les  plus cools, les plus classes, les plus décadents, des inventeurs, avant-gardistes pop de première  catégorie… » et ils continueraient ! La liste est longue pour les décrire. Mais il y a fort à parier que  la majorité des personnes n’aient pas connaissance de ce groupe fantastique, c’est pourquoi je vous propose aujourd’hui un voyage chronologique dans la carrière de Roxy Music, accrochez vos ceintures … 

Voyage dans la fascinante carrière de Roxy Music 

Roxy Music, 1972  

Notre première étape nous fait s’arrêter en 1968, où nous rencontrons Ferry, Bryan Ferry,  un étudiant d’art originaire de Newcastle, postulant pour remplacer Greg Lake, chanteur, au sein du groupe de prog King Crimson de Robert Fripp. Ne retenant pas notre nouvel ami, Fripp prend tout de même la liberté de le recommander chaudement auprès d’EG Records, avec laquelle Bryan signe. Car Ferry est particulier, il a la classe, une classe innée et naturelle, absolue, ainsi qu’une voix digne des plus grands crooners. 

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Bryan Ferry, chanteur de Roxy Music, a bien failli rejoindre King Crimson …  


Ferry a son projet : s’inspirer du pop-art d’Andy Warhol, c’est-à-dire s’approprier des  éléments de la vie quotidienne et les restituer en tant qu’oeuvres artistiques, mais cela dans la sphère musicale. Il rencontre à ce moment là deux personnages très importants: le saxophoniste/ hautboïtiste Andy Mackay et Brian Peter George St John Le Baptiste de La Salle Eno, bientôt connu sous le simple nom de Brian Eno, claviériste d’avant-garde. Eux trois formeront la base du futur Roxy Music. Pour l’anecdote, le Roxy est un club de Los Angeles, lieu de rendez-vous de la  jetset de L.A. de cette époque. 

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Andy Mackay, saxophoniste, et le célèbre Brian Eno  


Paul Thompson, batteur, s’occupera des fûts, et, après plusieurs auditions, c’est finalement David O’List qui est retenu, il sera le guitariste du groupe… ou pas ! En effet, après  une altercation avec Thompson, il quitte précipitamment Roxy Music. Le rôle est finalement donné à Phil Manzanera, le roadie/ingé son de la bande. L’équipe est au complet, car il faut savoir que le groupe n’a jamais eu de bassiste attitré. 

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Paul Thompson, batteur, et Phil Manzanera, guitariste  


Avançons un peu dans le temps… 1972 ! Maintenant signés chez Island Records, Roxy Music enregistre un premier album, éponyme, et se révèle être une figure singulière dans le  paysage musical britannique. Ce premier album est culte, par bien des égards, rien que part la pochette, très glamour, représentant une ex de Keith Richards, Kari-Ann Muller. Porté par l’excellent single Virginia Plain (qui ne figure pas sur l’album…) et par un ensemble de chansons devenues des classiques (Re-Make/Re-Model, If There Is Something), Roxy  Music est un succès, presque inespéré. En pleine vague glam, Roxy contraste par l’avant-garde 

assumée de leurs compositions. Le public les rencontre sur scène lors de la première partie du show Ziggy Stardust de Bowie fin 1972 début 1973. Imaginez, Roxy et Bowie dans le même  concert… il y a pire ! 

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Le groupe au complet en 1972/ Pochette classieuse du premier album, 1972  


Le deuxième album suit, For Your Pleasure, en mars 1973, avec Amanda Lear comme égérie de pochette. On retrouve encore ici les codes développés sur le premier album, mais déjà plus aboutis. D’aucun pense que For Your Pleasure est le meilleur album de Roxy Music, ce qui se comprend aisément par la présence de titres classieux comme In Every Dream Home A Heartache ou Do The Strand. C’est encore un nouveau succès, encore porté par un énorme single, Pyjamarama

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Amanda Lear et sa panthère … Pochette de For Your Pleasure, 1973  


Marquons à présent une pause dans notre promenade, car une rupture intervient. En effet, toujours en 1973, Bryan Ferry se lance dans une carrière solo qui se révèlera prolifique, avec These Foolish Things, recueil de reprises de chansons qu’il apprécie, revisitées à sa manière. Cet album contraste avec son travail pour Roxy Music par son ambition pop assumée, et le problème est que Ferry souhaite donner au groupe la même direction. Cela déplait fortement à l’avant gardiste du groupe, Brian Eno, ayant enchanté les deux premiers albums de ses « traitements  sonores ». Celui-ci quitte le groupe après la tournée de promotion de For Your Pleasure.

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Pochette de These Foolish Things, premier album solo de Bryan Ferry / Ferry & Eno  


S’enclenche ainsi une nouvelle phase dans l’histoire de Roxy Music. Sans Eno, on se demandait à juste titre ce qui allait advenir du groupe. Mais les membres restants s’accrochent !  Bryan Ferry recrute le jeune Eddie Jobson pour remplacer Eno, déjà parti entamer une singulière carrière solo. Ce musicien classique seulement âgé de dix-huit ans, claviériste et violoniste, peine à prendre ses marques sur le troisième album, Stranded, sorti fin 1973. 

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Stranded, la transition, 1973 / Le jeune Eddie Jobson, remplaçant de Brian Eno  


Mettant cette fois en lumière la playmate Marilyn Cole sur la pochette, « perdue » dans la  jungle, Stranded est une transition, personnifiée par une baisse d’expérimentation sonore et par la fin de l’exclusivité de Ferry sur l’écriture des paroles et de la musique. Phil Manzanera et Andy Mackay commencent ainsi peu à peu à imposer leur signature sur les travaux du groupe. Mother Of PearlA Song For Europe ou Street Life représentent ce qu’il y a de meilleur ici, et c’est encore une fois un succès au Royaume-Uni. Pour la petite histoire, Brian Eno a lui même déclaré que Stranded est son album préféré du groupe… comme quoi !

La confiance (et la controverse) reviennent avec l’excellent Country Life, du nom du célèbre magazine anglais, considéré comme le zénith de la deuxième carrière du groupe. En parlant de cet album, il faut naturellement s’arrêter sur la pochette, de loin la plus « crue » que  Roxy Music ait pu produire. Elle montre Constanze Karoli et Eveline Grunwald, respectivement  soeur et petite amie du guitariste et co-fondateur de groupe allemand Can, Michael Karoli. La  rencontre de Bryan Ferry et ces deux femmes est à la base complètement fortuite, en vacances au Portugal, il avait besoin de traduction en allemand pour la chanson Bitter Sweet, un des titres de l’album, et voici donc ces dames en pochette de l’album. 

Voyage dans la fascinante carrière de Roxy Music 

Naturellement, la pochette fut censurée dans de nombreuses parties du monde, en  Espagne ou aux Etats-Unis, mais par la même occasion est rentrée dans la légende. De plus,  l’album en lui-même est particulièrement plaisant, un véritable écrin de styles divers et variés,  mais réussissant néanmoins à conserver une logique, offrant ainsi à l’auditeur une expérience complète. On recommande fortement Out Of The Blue pour son solo de violon électrique, ainsi que l’excellent Prairie Rose

Country Life, malgré son épineuse pochette, est le premier album du groupe à faire une entrée sur le marché américain, parvenant même à faire une petite percée dans le Top 40 (à la 37°ème place). L’album suivant, Siren, confirme cette lancée, puisqu’il contient un de leurs plus gros hits, Love Is The Drug, tour de force pré-disco, absolument réussi. Cependant, l’album se perd un peu dans une confusion de titres trop variés. Il est clair que le groupe n’en peut plus, qu’il a besoin d’une pause. Malgré cela, Siren est un nouveau succès à ajouter à la liste de Roxy Music.

C’est donc ici que s’achève la deuxième carrière du groupe. Après la tournée de soutien à Siren, immortalisée par le live Viva!, plus que chaudement recommandé (bien que ce live sorti en 1976 soit en fait une compilation de différents shows de Roxy Music, donnés entre 1973 et 1975), le groupe fait une pause. Ferry se consacre à sa carrière solo, sortant trois très bons albums durant cette période, Manzanera travaille seul ou avec Brian Eno dans sa période la plus expérimentale, et les autres membres vaquant au fil de leurs envies. 

Voyage dans la fascinante carrière de Roxy Music 
Pochette du live Viva! (1976) 


Les années passent, 1976, 1977, 1978 … Le punk apparaît, et déjà Roxy Music devient une référence. En effet, il faut savoir que la première moulure des Sex Pistols se nommait The Strand en hommage à la chanson de For Your Pleasure. Mais l’heure du troisième retour a sonné, faisons un bond jusqu’en 1979, année où Bryan Ferry parvient à convaincre Manzanera, Mackay et Thompson de reprendre l’aventure, pour Manifesto, leur sixième album studio. Ce retour aux affaires, encore un succès non-négligeable, est marqué par des incursions dans le disco et la new wave, produira deux gros hits, Angel Eyes et Dance Away, représentatifs du son de Roxy Music de la troisième période, de plus en plus marqué par le synthétiseur. On est assez loin de l’influence glam du début, c’est certain. 

Voyage dans la fascinante carrière de Roxy Music 
Le grand retour: Manifesto (1979) 


Malgré la réussite de ce nouvel album, Paul Thompson prend la décision de quitter le groupe. Roxy se résumera donc à un trio de base (Ferry, Manzanera et Mackay) auquel s’adjoindront des musiciens de studio. Flesh+Blood de 1980 continue sur cette lancée plus synthétique, mais sans une once de la décadence qui faisait l’âme des travaux précédents. Le résultat reste très plaisant, très easy-listening il faut bien l’avouer. L’album, pochette montrant trois blondes amazones aux javelots, comporte d’excellents titres, comme Over You, Oh  Yeah! ou encore Same Old Scene.  

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Les Amazones, Flesh+Blood (1980) 


Nous arrivons au terme de notre voyage, Avalon. Dernier album en date de Roxy Music, paru en 1982, il est celui ayant eu le plus de succès commercial, et à juste titre. Avalon est un sublime chef d’oeuvre de pop. Numéro 1 un peu partout dans le monde, l’album a marqué par ses mélodies aériennes et recherchés, son son pop accessible mais pas putassier, et par son ambiance indescriptible. More Than This, Avalon, True To Life, The Space Between… que dire ! C’est absolument plaisant, on approche ici de la perfection.  

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Le chef d’oeuvre pop, Avalon (1982) 

Malgré les frictions de plus en plus fortes entre les musiciens, Roxy Music part en tournée (illustrée par l’EP The High Road, très aisément trouvable). Le dernier coup d’éclat du groupe est personnifié par l’hommage à John Lennon, assassiné depuis peu, la magnifique reprise synthétique de Jealous Guy. Suite à cela, Roxy Music se sépare, bien que Phil Manzanera et Andy Mackay ait tout de même tenté de continuer l’aventure avec un nouveau chanteur sous le nom d’Explorers. Bryan Ferry connaîtra le zénith de sa carrière solo dans les années 80, livrant consécutivement les excellents Boys And Girls, marqué par les deux hits ultra-connus Slave To Love et Don’t Stop The Dance et considéré selon lui comme « Avalon mais sans Manzanera ni Mackay », et Bête Noire, respectivement en 1985 et 1987. 

A ce point, on peut croire que l’aventure est terminée, mais il n’en est rien. En effet, le groupe s’est régulièrement reformé depuis cela, au début des années 2000, le temps d’une tournée et d’une performance au Live 8 de Bob Geldof, dans les années 2010 et tout récemment, en 2022, le temps là aussi d’une tournée, afin de célébrer les cinquante ans du premier album. Elle réunira donc Bryan Ferry, Phil Manzanera, Andy Mackay et Paul Thompson sur les routes d’Amérique du Nord et du Royaume-Uni (et non, aucun passage prévu en France, pour l’instant…). Espérons que, lors d’une des dates, Brian Eno fasse un passage sur scène ! 

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L’affiche officielle de la reformation de Roxy Music, 2022 


Roxy Music est donc un des groupes les plus singuliers que la musique britannique ait pu compter dans ses rangs, son oeuvre est singulière, et légendaire. Il n’y a aucun mauvais albums dans la discographie du groupe, mais s’il vous fallait commencer quelque part, il serait avisé d’écouter For Your Pleasure, afin d’avoir un bel exemple de ce que Brian Eno a pu accomplir avec eux, le formidable live Viva! qui représente fidèlement ce que le groupe donnait sur scène, et enfin Avalon, de loin le plus accessible de tous leurs travaux. Naturellement, ces trois pièces (et toutes les autres) sont aisément trouvables chez votre disquaire préféré…  

Notre voyage s’achève ici, j’espère vous avoir fait découvrir ce groupe incroyable, et que vous prendrez du plaisir à écouter tous leurs albums. Ils vous plairont, croyez moi…

Paul Cailly
écrit le lundi 14 novembre 2022 par

Paul Cailly

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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