Up the Bracket des Libertines, les 20 ans de l’album le plus poétiquement déjanté des années 2000
Il y a 20 ans, un groupe de rock anglais faisait son apparition sur la scène musicale. Un an après la sortie de Is This It des Strokes, ce groupe a su s’imposer comme le leader du revival punk british.
Les Libertines n’ont pas éclos du jour au lendemain. Il aura fallu attendre plusieurs années de galère et de désespoir pour voir enfin se dessiner une marque de fabrique typiquement anglaise.
Tout commence avec la rencontre entre Peter Doherty et Carl Barât à la fin des années 90. Peter, fan absolu des Smiths et de poésie romantique fait la rencontre du guitariste Carl, plus porté par le son des Doors et du Velvet Underground. Après des débuts marqués par de la rivalité (qui finira par resurgir), les deux décident de former un groupe qui fera la part belle à tout ce que l’Angleterre regorge de plus précieux : des mélodies inspirées, des textes poétiques à la gloire de la perfide Albion et bien sûr du carnage en clin d’œil à l’histoire du rock déjà bien pourvue en excès de tout genre.
Les Libertines à la fin des 90’s, c'est un groupe de skiffle avec des chansons douces aux mélodies travaillées à la Kinks. Très vite, leur manager les réoriente vers ce qui marche commercialement, le rock pur et dur comme le fait très bien une bande de jeunes d’Outre-Manche, les Strokes. En effet, ils vont les voire en concert lors de leur passage à Londres en 2001 et c’est la révélation. Fini les costumes 3 pièces et les rythmes lents mignons, place au punk rock à base de vestes en cuir et de jeans déchirés. Un an plus tard, c’est la consécration avec leur signature sur le label Rough Trade.
À partir de 2002, tout semble partir en vrille. Ils enregistrent leur premier album, Up the Bracket, avec un son brut, comme une réponse aux amerlocs des Strokes mais encore plus déjantés et rock ‘n’ roll.
La coke devient vite accessible et c’est le début de la descente aux enfers de Pete. Ni une ni deux, ce dernier se met à transformer sa coke en crack jusqu’à en devenir accro. S’ensuivra une addiction parallèle à l’héroïne sans pour autant perdre le fil conducteur du groupe : une ode à l’Angleterre et à l’Arcadie, un paradis relatée dans les chansons avec des mélodies bourrées de références littéraires et poétiques.
On pourrait s’étaler sur la suite de ce groupe voué à la dégringolade : condamnation à de la prison pour Pete, lente dissolution du groupe sur fond d’embrouilles à n’en plus finir et de mésentente sur le choix de la direction musicale.
Néanmoins, il nous reste cet album, Up the Bracket, véritable chef-d'œuvre sur le plan lyrique et mélodique qui risque de rester gravé dans l’histoire. Plein de rage et d’énergie, les Libertines ont réussi à prouver aux Strokes qu’ils n’étaient pas les seuls à détenir le monopole du revival rock du début du 21ᵉ siècle.