Joan Jett, the queen of rock'n'roll
Véritable icône féminine de la scène rock des années 80, et très connue en France pour sa reprise de I Love Rock’N’Roll en 1981, le début de sa carrière est cependant méconnu du grand public. Vous l’aurez deviné, nous allons parler ici de Joan Jett.
Née au fin fond de la Pennsylvanie, c’est vers l’âge de 13 ans que Joan Jett commence à s’intéresser au monde du rock, lorsqu’elle reçoit sa première guitare. Quand elle souhaite prendre des cours, et brancher sa guitare électrique, son professeur lui dit “girls don’t play rock’n’roll”. Il ne savait décidément pas à qui il avait affaire, et Joan et son caractère bien trempé ne remirent plus jamais les pieds dans cette salle. Plus tard, sa famille déménagera en Californie, permettant alors à la jeune musicienne, de sortir dans les bars locaux, et d’écouter des groupes en tous genres, afin de s’imprégner au maximum de la scène.
La première formation de la jeune guitariste prend forme grâce au producteur Kim Fowley, qui la met en contact avec Sandy West (batterie), musicienne en herbe elle aussi. En août 1975, The Runaways est né. Le duo sera rejoint par Micki Steele cependant vite remplacée par Jackie Fox (basse), Lita Ford (guitare soliste), puis par une très jeune chanteuse, Cherie Currie. Toutes les adolescentes du groupe ont alors entre 15 et 17 ans.
The Runaways
Après beaucoup de persévérance sur des scènes locales, le groupe accède à la popularité tout autour du globe, et les ventes explosent au Japon, où elles sont accueillies comme des stars. Joan ira même jusqu’à comparer leur popularité sur l’archipel nippon à la Beatlemania. Avec des titres comme Cherry Bomb ou encore Queens of Noise, leur musique 100 % féminine, entre punk et hard rock, fait sensation. Joan assure l’écriture de la plupart des morceaux, ainsi que le rôle de guitariste rythmique, puis quelques chœurs comme le reste du groupe.
Mais toute cette popularité autour de si jeunes femmes a eu raison du groupe, notamment de Cherie Currie, qui renonce à sa place de chanteuse en 1977. Joan Jett reprend alors le micro, comme aux débuts du groupe, et ne le quittera plus. Cependant, entre tensions avec Kim Fowley et problèmes financiers, le tout agrémenté de désirs artistiques différents, The Runaways se dissout en 1979.
Après cette séparation, Joan, alors âgée d’une vingtaine d’années, décide de se lancer en solo. Mais un problème subsiste : aucune maison de disques ne croit en son projet. Elle essuie une vingtaine de refus de la part des labels ! Avec l’aide de son fidèle manager, Kenny Laguna, elle fonde alors Blackheart Records, label sur lequel paraîtront quasi tous ses enregistrements avec sa nouvelle formation : Joan Jett and the Blackhearts.
Kenny Laguna et Joan Jett
Même si la plupart de ses succès sont des reprises, telles que I Love Rock’n’Roll, Do You Wanna Touch Me, ou encore Crimson and Clover, elle comptabilise un certain nombre de tubes écrits de sa plume. On pourrait citer Bad Reputation, Love Is Pain, et I Hate Myself for Loving You, entre autres...
Elle s’essaiera dans les années 90 à la production, notamment pour le groupe de punk rock 100 % féminin Bikini Kill, considéré comme l’un des précurseurs du mouvement des riot grrl, visant à faire passer un message féministe par le biais du punk. Encore ici une belle preuve de son influence sur des générations plus jeunes.
Avec 14 albums studios à son actif depuis la séparation de The Runaways, elle a su conserver l’énergie et la fougue nécessaire à sa musique, avec son timbre de voix écorchée, si reconnaissable. En 2010, à la suite de la publication des mémoires de Cherie Currie, un film biographique sur The Runaways sort dans les salles, avec Joan Jett à la production exécutive. Kristen Stewart et Dakota Fanning prêtent leurs traits à Joan et Cherie respectivement. Un bon moyen de découvrir ce groupe si vous ne le connaissiez pas encore.
On peut également la retrouver aux côtés des membres de Nirvana lors de l’intronisation du groupe au Rock’n’Roll Hall Of Fame en 2014. Institution qui reconnaîtra enfin, l’année suivante, l’ensemble de sa carrière, cependant sans faire l’honneur aux Runaways d’être reconnues pour les pionnières qu’elles ont été.
Plus récemment, on a pu l’entendre sur Doom or Destiny de Blondie, ou encore sur Bad Karma, dans le dernier album de la jeune Miley Cyrus.
Désir d’une musique plus posée, ou philosophie post-confinement, le dernier album en date de cette année, ChangeUp, est entièrement composé de reprises acoustiques de ses plus grands tubes, réenregistrés en intégralité pour l’occasion. Une première pour The Godmother of Punk !
Néanmoins, personne ne pourra lui retirer son immense carrière et discographie, ainsi que son influence sur les jeunes femmes, de toutes générations, que ce soit avec The Runaways, ou The Blackhearts. Sur une scène principalement dominée par les hommes, elle a su s’imposer et se faire apprécier du grand public, malgré sa “bad reputation” qui lui était tant reprochée par l’industrie musicale.