Culte

Hocus Pocus : Il nous restera ça… 

écrit par Georges Hein le lundi 20 juin 2022

Janis > Culte > Hocus Pocus : Il nous restera ça…  >

Hocus Pocus : Il nous restera ça… 


Hocus Pocus, c’est ce genre d’étoile filante qui reste dans notre paysage sonore éternellement. À une époque où le slam éclipsait tout le reste de l’industrie musical, il scintillait une galaxie pleine de couleur dans l’ombre. Comme l'écho abyssal d’une constellation éteinte trop tôt, il nous est arrivé trop tard toute la beauté de mélodies d’un groupe que j’aimerais tant entendre à nouveau ! Hocus Pocus une formation hip-hop vers l’infini et au-delà ! 


Hocus Pocus : Il nous restera ça… 

 

Soyez sympa, rembobinez 

 

Le groupe originaire de Nantes est influencé par le hip-hop, le jazz, la soul, le RnB, le funk et j’en passe. Car ce qui marque dès la première écoute, c’est la richesse des genres et des styles. Cela donne une épopée des sens à chaque musique. On y goûte, sent, touche, entend la multiple multitude de la multiple multitude des hommes et des femmes de ce monde. C’est un hommage à la diversité et à la rencontre de celle-ci à travers nos échanges. Car déjà en 2005, Hocus Pocus usait des 73 touches de son piano pour dénoncer un monde plein de reproches d’aujourd’hui. Non que la formation était en avance sur son temps, mais plutôt que ce temps n’a pas bougé depuis presque 20 ans. L’immobilisme de notre société conduit à des démarches comme celle des deux MCs. 

Bien des artistes, et les rappeurs n’en sont pas exempts, prônent en étendard une idée qu’ils n’appliquent même pas dans leur musique. Car il est extrêmement facile de dénoncer des évidences, lorsqu’il est autrement inconfortable de s’impliquer contre ses états de fait. La clique ligérienne proclame une musique pleine de forme et de couleur. Dans la lignée des Roots, A Tribe Called Quest ou Pete Rock ; il est surtout dans l’exacte trace des Brassens, Aznavour ou Renaud. 

À la musique d’Hocus Pocus n’appartient qu’Hocus Pocus. L’exactitude des mots est un véritable travail de maître. Ils ne cherchent ni le beau, ni le laid. Ils cherchent le vrai ! Dans un mélange ensorcelé de présent, passé et futur, il ressort l’insoutenable légèreté de l’être oublié par la modernité. On écoute alors la musique de ce groupe comme on regarde une VHS avec le goût salé des rires : on rembobine pour s’avoir ce que plus tard je suis.

Hocus Pocus : Il nous restera ça… 

 

J’crois que les voyages en train


L'amour, c’est comme les voyages en train chante le poète sur le quai accroché à sa canne. Pour Hocus Pocus, j’crois surtout que les voyages en train, c'est comme la musique. On y voit défiler un paysage un peu flou et romantique. La vitesse accélère le rythme pour laisser voir à nos yeux l’essentiel.  

Le groupe explore les sons sous haute tension. Enivré par l’électricité de la musique avec un grand  « M », il n’hésite pas à mélanger tout et son contraire pour créer un électrochoc dans nos tympans. Le résultat est grisant ! Tout mon amour pour ces Nantais est exactement là, faire co-exister la musique du monde avec la chanson française. 

Bien entendu, ce ne sont pas les premiers à la faire, Big Flo et Oli en témoigneront ; mais combien le font avec cette même sincérité ? À l’instar des Toulousains, la formation ne cherche pas à définir ce qu’il voit par la fenêtre assit à la place 54. Leur musique est celle d’une impression, d’un sentiment, d’une émotion, d’un aperçu. Au détour d’un aiguillage, l’esprit des MCs s’égare sur cette autre voie possible, effacée dans un battement de cil, et à la mesure des pylônes la musicalité se rythme  l’écriture sur ce qu’ils imaginent avoir vu. 

C’est une poésie aussi belle que concrète. Le groupe n’évoque que rien d’autre que la simple merveille d’un quai de gare, d’un verre entre ami, d’un livre qui nous enivre, d’un trompette qui nous fait vibrer, d’une embrassade, d’une sonnerie de téléphone qui vous réveille toutes les 15 min, de ce punk qui écoute Nina Simone. La musique d’Hocus Pocus est comme un voyage en train, on ne sait jamais avec qui on va partager le chemin, et on en ressort toujours différent une fois à l’autre gare. 

Le rap est bien des choses aujourd’hui, ça va de la pop au hardcore, du parolier engagé à celle qu’on ne comprend pas. Mais ce qu’il n’est plus aujourd'hui, c’est « aimant ». Hocus Pocus est un groupe qui affirme son amour. Son amour pour la musique, pour son pays, pour le monde, pour nous tous. Car oui, nous avons oublié que ce mot n’est pas un gros mot. Et le résultat se voit autant dans nos relations de tous les jours que dans des élections présidentielles. À quand remonte la dernière fois qu’on vous a dit « je t’aime » sans rien attendre en retour ? Juste un passant dans la rue qui vous sourit. Juste, vous assis sur un banc, regardant avec tendresse la foule qui se presse. À quand remonte la dernière fois que vous avez aimé la vie ? Dans les nuits résident toujours le jour à venir, voilà toute la musique d’Hocus Pocus. Nous ne parlons pas d’espoir, ni même de vie. Nous parlons bien d’amour.  Car pour ces artistes, ce qui animer tant leur hip-hop que leur être, c'est bien ça. Parce qu’à la fin, il ne reste que ça. Parce que sans ça, c'est le point final. 

Georges Hein
écrit le lundi 20 juin 2022 par

Georges Hein

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

Voir d'autres articles

mis à jour le mardi 21 juin 2022

Encore curieux ?