Le Moyen-Age toujours dans le game ?
Oyez, oyez ! Qui a dit que la musique médiévale n'avait plus la cote ? Il n'y a pas que Karadoc et Perceval qui en ont gros, nous aussi ! Décantons le sujet en quelques points.
« Honi soi qui mal y pense », comme on dit dans le jargon, ou wikiment parlant « Honte à celui qui y voit du mal », traduisez donc « Oui oui, nous on aime la musique ancienne, et alors, tu vas faire quoi ?! ». Par « ancienne », entendons musique médiévale, on fera aussi un petit détour par la renaissance. Des profanes troubadours du sud aux trouvères du nord, en passant par les compositeurs de musique sacrée, ces sonorités inspirent et influencent encore les musiciens du 20e siècle. Mais, rassure-toi, nous n'irons pas dans la Vallée de Dana, ni ne ferons de Tour à Lambe...pour cette fois !
Commençons par le groupe des quatre garçons dans le vent – les Beatles donc - qui en 1966, cite dans le célébrissime All you need is love (à 3'13min), la mélodie folklorique médiévale la plus connue : Greensleeves. Pas facile de l'identifier dans le « brouhaha » à la fin de la chanson, mais si on tend l'oreille, on reconnaît la mélodie en arrière-plan.
Parlons peu mais parlons Led Zep ! Est-ce que l'écoute de l'intro de Stairway to Heaven n'aurait-elle pas un arrière-goût médiéval, ou une saveur de la Comté de Frodon Saquet ? C'est à cause de la présence des flûtes à bec d'une part, et, d'autre part, à cause des quartes et des quintes qui s'incrustent par-ci par-là dans la partition. Pour les amateurs qui auraient des ouïes peu musicales, ce sont des intervalles de notes très utilisées dans l'harmonie médiévale.
Autre groupe de rock mais plus récent cette fois, qui va creuser un peu plus dans le domaine : c'est Dead Can Dance, en 1990 avec le titre Saltarello, qui va s'inspirer directement des Saltarelles du 13e siècle. Ce sont des danses à trois temps sur lesquels le peuple fêtait et festoyait au son des guitares et des tambourins. Très percussif et ambiançant, ce titre, avouons-le. Ceci fait penser à la musique bretonne ? « C'est pas faux » comme dirait l'autre.
De son côté, l'éclectique Sting reprend en 2006 dans son album Songs from the Labyrinth, l’œuvre polyphonique Fine Knacks for Ladies du compositeur anglais de la renaissance John Dowland. À la base, en 1600, c'était luth, viole de gambe et chœur mixte. Sting garde le luth et joint sa voix au chœur, comme c'est charmant (plein de piment) :
Dans un registre plus léger et plus récent, le rappeur lyonnais Faraby publie en 2015 Cœurs Braves sur fond de cornemuse, batterie rock et bourdon à la basse avec le collectif Chaos Clan. Au programme kilts, peaux de bêtes, et alcool !
Petit détour par la musique de film, le thème du menaçant Dies Irae, Dies Illa, se retrouve repris par Berlioz dans sa Symphonie Fantastique, lui-même cité par Wendy Carlos et Rachel Elkind pour le générique de The Shining (de Kubrick), où l'ophicléide nous prédit que « ça va trancher, chérie »...
Et si, pour finir, la tendance s'inversait : une chanson actuelle version troubadour ? C'est bien là tout le taf de Beedle the Bardcore. Coup de génie ou idée gaussable, sans doute un peu les deux, mais avouons que cette diablerie est quand même marrante. Alors, on se quitte sur un arrangement du Next Episode, version cloche tubulaire, luth et flûtiot : enjoy messire !