Lucille, Lenny, Blackie, Black Beauty, … l’histoire derrière les guitares de vos musiciens préférés
Lucille, Lenny, Blackie, Black Beauty, des prénoms du calendrier grégorien ? Peut-être, mais ce sont surtout des noms ou surnoms donnés par des guitaristes de légende à leurs guitares prestigieuses et rares. Il suffit de les écouter en parler pour mieux comprendre la place unique qu’elles ont pu prendre dans leur carrière d’artiste, mais aussi dans leur vie personnelle.
Joe Satriani : « La guitare est une formidable amante. C’est aussi une bête sauvage. Il faut savoir l’apprivoiser, mais il faut aussi savoir déchainer sa fureur ».
Louis Bertignac : « J’en suis tombé amoureux, un véritable coup de foudre, comme de rencontrer la femme de sa vie ».
Brian May : « J’ai toujours eu l’impression que le bonheur absolu de la guitare vient de ce qu’elle offre à l’enfant qui se l’approprie, une voix, un moyen pour exprimer des émotions, quel que soit son âge ».
Mais savez-vous à quels guitar heroes elles ont appartenu ou appartiennent encore ? En voici quelques exemples :
Jimi Hendrix et Black Beauty
Maître absolu de la Stratocaster, Jimi Hendrix en possédait plusieurs dizaines. Toutefois, la guitare qui a certainement, aujourd’hui, le plus de valeur, c’est celle qu’il a surnommée « Black Beauty », sa préférée. C’est la dernière Fender Stratocaster modèle 1968 avec laquelle il a joué d’octobre 1968 à septembre 1970, juste avant son décès.
Eric Clapton et Blackie
Dans les années 70, Eric Clapton a acheté un lot bradé de vieilles guitares Fender Stratocaster, invendables, dans un Guitar-shop à Nashville. De retour chez lui en Angleterre, il a fabriqué de ses mains sa propre Strat’ en assemblant les meilleures pièces de ces différents instruments et l’a appelé Blackie du nom de la finition noire de sa guitare. Ce qui lui fit dire « j’ai l’impression que cette guitare est devenue une partie de moi ».
Stevie Ray Vaughan et Lenny
C’est la Stratocaster rouge 1963 de Stevie Ray Vaughan. Lenora, son épouse et quelques amis lui ont offert cette Fender en 1980 pour ses 26 ans, car il n’avait pas les moyens d’en faire l’acquisition. Très touché par le cadeau de Lenora, il a appelé cette guitare « Lenny » ainsi que le morceau instrumental qu’il a immédiatement composé pour elle.
B.B King et Lucille
Dans les années 50, B.B King jouait dans une salle de spectacle à Twist dans l’Arkansas. Compte tenu du froid qui y régnait, le patron a bidouillé un chauffage d’appoint rempli de kérosène. Deux hommes ont commencé à se battre et ont renversé le poêle allumé. Un incendie s’est vite déclaré qui a fait fuir tout le monde, y compris B.B King.
Une fois dehors, il s’est rendu compte que sa guitare était restée à l’intérieur. Il est allé la récupérer au péril de sa vie dans un bâtiment qui commençait à s’effondrer.
Le lendemain, il a appris que les deux gars s’étaient battus pour une fille qui s’appelait Lucille. Il a ainsi baptisé sa guitare Gibson ES-335, Lucille, pour se souvenir de ne plus jamais faire de gestes aussi fous pour une femme.
B.B King ne chantait jamais tout en jouant car, disait-il, « on ne coupe pas la parole à une dame ! ».
Keith Richards et Micauwber
Eric Clapton a offert, en 1965, une Fender Télecaster 1953 (Butterscotch Blonde) à Keith Richards pour ses 27 ans. Elle l’accompagne depuis l’album Exile On Main Street des Rolling Stones en 1972. Keith Richards l’a appelé Micawber, d’après le héros Wilkins Micawber, personnage de David Copperfiled créé par Charles Dickens.
Keith parle ainsi de sa Fender : « … Personne autour de moi n’a Micawber pour prénom et lorsque je gueule « Micawber » sur scène, tout le monde sait de quoi je parle ».
George Harrison et Rocky
En 1965, George Harrison a fait l’acquisition d’une Fender Stratocaster 1961 qu’il a appelée Rocky. Elle était de couleur bleu pâle (Sonic Blue). Il l’a ensuite transformée, en 1967, en utilisant de la peinture Day-Glo et le vernis à ongles de Patty, sa femme à l’époque, ce qui lui a donné ces couleurs psychédéliques popularisées dans les années 60. On l’entraperçoit dans le film des Beatles, Magical Mystery Tour, sur Ia chanson I Am The Walrus.
Billy Gibbons et Pearly Gates
Un grand joueur d’harmonica du sud de la Californie, James Harman, a donné un jour un conseil à Billy Gibbons : « Le jour où tu devras trouver un son, fais-le avec ce morceau de bois de palissandre, avec cette Gibson que tu as appelée « Pearly Gates », elle est si belle ».
Le guitariste et chanteur de Z. Z Top a acheté cette Gibson Les Paul Standard Sunburst de 1959 à un fermier texan pour 250 dollars. Acquise aux débuts du groupe, elle a influencé sa musique, sa vie et ne l’a plus jamais quitté.
Pour Billy Gibbons, elle reste unique : « A ce jour, je n’ai trouvé aucune autre guitare qui possède sa puissance brute ».