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Mother Love Bone : Les parrains du grunge 

écrit par Milan Laffilé le vendredi 29 avril 2022

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Mother Love Bone : Les parrains du grunge 


Quand on parle grunge, on pense surtout à Nirvana, Pearl Jam ou Soundgarden. Mais pour en connaître son origine, il y a nettement moins de personnes. Rassurez-vous, j’étais pareil et ce n’est que très récemment que j’ai découvert Mother Love Bone. Méconnu du grand public, mais considéré comme un des piliers du grunge, bien avant Nirvana. 

 

Mother Love Bone : Les parrains du grunge 

Il se forme en 1987, mais se dissout en 1990 suite à la mort par overdose d'héroïne du chanteur à seulement 24 ans, quelques jours avant la sortie de leur unique album, Apple. D’ailleurs, les musiciens restants (Stone Gossard et Jeff Ament) formeront peu après Pearl Jam, avec Eddie Vedder et Mike McCready. Sacrée histoire…  

Le groupe a donc existé très brièvement avec qu’un EP et un album à leur actif. Mais leur impact musical est tel, qu’ils ont influencé pas mal de monde… Si ce n’est une bonne partie du mouvement grunge. Andrew Wood, le chanteur à la vie flamboyante mais déglingué, monte sur scène pour la première fois à l’âge de 14 ans. Il suit plusieurs cures de désintoxication avant ses 20 ans, mais a inspiré nombre de ses pairs. 

Influencé par T rex, Queen ou Elton John, il se démarque très vite par son charisme théâtral et sa voix, ressemblant à celle d’Axl Rose et Robert Plant. Revenons maintenant à l’histoire de son groupe.

Mother Love Bone : Les parrains du grunge 
Andrew Wood 


Alors que le “hair metal” de la côte californienne sévit à l’époque, Mother love bone commence a joué à Seattle, ville du grunge, mais bien avant que le courant musical n’explose. Initialement formé en 1980 sous le nom de Malfunkshun par Andrew Wood et son frère Kevin, il est considéré comme étant l’un des précurseurs du mouvement. 

Grâce à leurs concerts mêlant hard et glam rock (chaque membre était maquillé un peu dans le genre Kiss), leur prestation scénique sont assez fortes et imprévisibles, notamment grâce au chanteur, surnommé “the love child”.  Il n’a alors que 14 ans lors de la création du groupe. Mais très vite il devient accro aux drogues dures, notamment l’héroïne et suit plusieurs cures de désintoxication, sans succès. 

En 1986 le label C/Z record sort la compilation Deep six. Réunissant Malfunkshun mais aussi d’autres groupes tels que Green River ou Soundgarden, l’album est considéré comme étant les bases du son de Seattle, qui deviendra plus tard le grunge. C’est d’ailleurs à ce moment qu’Andrew Wood devient très ami avec Chris Cornell, (le chanteur de Soundgarden) et deviennent colocataires. 

Cependant, si le groupe gagne en popularité dans la scène underground de Seattle, la presse ne s’intéresse pas à eux. Wood commence alors à jam avec Stone Gossard et Jeff Ament de Green River. C’est ainsi que naît Mother Love Bone, rejoint peu après par Bruce Fairweather et Greg Gilmore. 

S’inspirant du psychédélisme de Jane’s Addiction, le groupe bâtit une solide réputation. En 1989, ils commencent à enregistrer l’album Apple (leur premier EP sort en mars) tout en continuant régulièrement à tourner. Sorti en 1990 à titre posthume, le label Stardog/Mercury regroupe les 2 parutions en une compilation éponyme parue en 1992. L’album dévoile l’immense potentiel dont disposait Mother Love Bone.

On retrouve ainsi le Aerosmith des 70’s sur Mindshaker Meltdown mais on découvre surtout une véritable originalité avec les agressifs Stardog champion ou Capricorn Sister. Néanmoins, le groupe se révèle sur les morceaux qui nous prennent d’émotions : Bone China, Stargazer, Man of Golden Words

Enfin, l'album se finit avec Chloe dancer/Crown of thorns, leur plus beau morceau. Véritable feu d’artifice de l’album, la chanson donne quelque chose d’unique, les différenciant des autres groupes de l’époque. Des sonorités que l’on retrouvera dans le grunge. Ce morceau sera d'ailleurs fréquemment repris lors des concerts de Pearl Jam. Démarrant sur une ballade au piano chanté et joué par Andrew Wood, un crescendo se poursuit pour finir sur une explosion musicale, qui nous prend aux tripes. 

Joyau de l’album, son histoire est bien plus sombre…. Cette chanson parle du combat entre le chanteur et son addiction à l'héroïne, détruisant son couple. La première partie du medley s’intitule Chloe dancer. C’est une allusion au métier de strip-tease qu’exerce sa copine pour subvenir au besoin du couple, au même titre que Wood qui essaye de percer dans la musique. Puis vient la seconde et dernière partie Crown of Thorns

Le refrain “And this is my kinda love, it’s the kind that moves on, it’s the kind that leaves me alone” illustre leur relation qui touche à sa fin à cause de l’addiction du chanteur, malgré l’aide de sa copine qui essaye de l’en dissuader. 

Voilà pourquoi on entend à la fin cette symphonie avec la voix enragée, mais aussi désespérée d’Andrew Wood, luttant tant bien que mal contre son addiction afin de sauver son couple en péril. 

D'ailleurs, le chanteur doit suivre une énième cure de désintoxication afin d’être au meilleur de sa forme pour l’enregistrement d’Apple. Malheureusement, il est vite rattrapé par ses démons et succombe d’une overdose d’héroïne, quelques jours avant la sortie de l’album. Il n’avait que 24 ans. Ainsi s’achève Mother Love Bone mais de ses cendres émerge Pearl jam, toujours en activité.

Mother Love Bone : Les parrains du grunge 
Chris Cornell et Andrew Wood 


Beaucoup d’hommages lui seront d’ailleurs dédiés par ses pairs, notamment un "super groupe" nommé “Temple of the Dog“, en référence à Man of Golden Words de Mother Love Bone. 

Apres son décès, Chris Cornell écrit deux ballades en mémoire de son défunt ami : Say hello 2 heaven et Reach Down. Il demande à Stone Gossard et Jeff Ament de l’aider pour l’enregistrement ainsi qu’à Matt Cameron, batteur de son groupe Soundgarden. Ils sont très vite rejoints par Eddie Vedder et Mike McCready (futurs chanteur et guitariste de Pearl Jam). 

Le groupe sort un album éponyme le 16 avril 1991, soit un peu plus d’un an après la mort d’Andrew Wood. Il se classera 5ᵉ au billboard 200. Le single de cet album est Hunger Strike dans lequel Eddie Vedder chante en duo avec Chris Cornell, devenant un des premiers tubes grunge. 

Chris Cornell écrira aussi Outshined qu’il sortira avec Soundgarden (1991). D'autres artistes lui rendent hommage comme Alice in Chains avec la chanson Would ? (1992). 

On peut enfin trouver une compilation de démos et d'enregistrements d’Andrew Wood avec son premier groupe Malfunkshun. L’album se nomme Return to Olympus et sort en 1995. 

Malheureusement, la mort d’Andrew Wood ouvrira la porte aux tragédies à venir du grunge. Dans les 90’s, l'héroïne est à son apogée et détruit des groupes tel que Nirvana (suicide de Kurt Cobain en 1994 sous influence de celle-ci), Alice in chains, Stone Temple Pilots ou encore Blind Melon. Leurs chanteurs sont tous morts d’overdose. 

On ne le dira jamais assez, mais le grunge est un courant musical qui n’a existé que trop brièvement. Ayant réussi à réunir le punk, le heavy metal et le rock alternatif, il marquait un retour à l’authenticité du rock’n’roll, détérioré par le hair métal des 80’s.

Ne voulant plus être assimilé au côté rock star, le grunge était joué par des “loosers” et parlait de dépression, d’addiction, de pessimisme, de refus du consumérisme. Kurt Cobain en était le mentor. À tel point qu’il finit par se tirer une balle, voyant qu’il commençait à incarner tout ce à quoi il s’opposait…

Milan Laffilé
écrit le vendredi 29 avril 2022 par

Milan Laffilé

Rédacteur pour Janis, nouveau média 100% musique lancé par LiveTonight

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