La Guerre du Vietnam en 5 titres incontournables
En 1965, Les États-Unis interviennent militairement sur le sol Vietnamien, ce qui marque un tournant dans ce conflit mondialement controversé. La médiatisation croissante des faits divise la population américaine donnant lieu à des mouvements contestataires de contre-culture. C’est alors l’émergence de l’engagement d’artistes musicaux qui revendiquent un retour de l’armée, dénonçant quelles qu’elles soient les violences faites aussi bien aux soldats qu’aux civils. Ils deviennent alors porte-paroles du mouvement pacifiste et entrainent le soulèvement de l’opinion publique américaine. Rock psychédélique, balades folks ou encore blues ; ils donnent naissance à des titres percutants qui entretiennent un devoir de mémoire perpétuel et marquent les générations. On revient donc sur cinq chansons qui ont marquées l’histoire des années 60…
1. Fortunate Son, hymne antipatriotique
1969, après un flop lors du festival de Woodstock, les Creedence Clearwater Revival se révèlent avec un single emblématique de la contre-culture américaine : Fortunate Son. Cette chanson critique ouvertement le non-sens de la guerre mais dénonce surtout une société très hiérarchisée et inégalitaire. À cette époque, une grande partie des Américains étaient favorables à l’envoi de soldats au Vietnam, au nom de valeurs patriotiques, sans pour autant avoir l’audace de s’y battre. Les « fils fortunés » mentionnés dans la chanson, autrement dit les élites du système, sont directement visés là où leur était assurée une protection permanente pour qu’ils ne soient pas enrôlés dans l’armée. Même si le conflit n’est pas directement évoqué dans le morceau ; John Fogerty, le chanteur du groupe ; lui-même ayant été vétéran avant la Guerre du Vietnam s’y opposait fermement. Ce n’est d’ailleurs pas la seule de l’album qui évoque le sujet. Véritable protest song, elle reste un pilier de l’histoire du rock et résonne encore bien des années plus tard. L’effet reste incontestablement le même : une musique puissante qui nous prend aux tripes, des paroles percutantes ; bref un morceau iconique.
2. L’apocalyptique Gimme Shelter
Dans la lignée de Paint it Black, morceau emblématique du rock psychédélique des années 60, Gimme Shelter nait et s’impose dès sa sortie en 1969. Titre phare du huitième album des Rolling Stones Let it bleed, il est sans aucun doute répertorié parmi les chansons les plus cultes de son temps. Composée par Keith Richards, guitariste de la bande, elle est le reflet d’une génération révoltée par une guerre qui s’enlise. Combat pour l’égalité et la justice, défense des droits de l’homme ; Gimme Shelter clame haut et fort ce que tait le gouvernement. En parallèle avec l’assassinat de Martin Luther King et la perte du fondateur des Stones Brian Jones, nombreux sont les hommages et revendications dans cette chanson. Performance qui nous hante, Merry Clayton accompagne Mick Jagger aux chœurs et signe le morceau avec une puissance vocale saisissante « Rape, murder, it’s just a shot away ». Des airs de fin du monde avec une guitare vibrante, un harmonica qui apporte une touche de blues et une basse en perspective : le rock atteint son paroxysme. Le morceau se veut pourtant porteur d’espoir et termine sur ces mots « I tell your love,sister,it’s just a kiss away ».
3. I feel like I’m fixing to die Rag – le sarcasme de Country Joe McDonald
Encore un morceau de bravoure qui entrera dans l’histoire de la musique engagée du XXe siècle. Une simple guitare folk en acoustique, un air plutôt entrainant et chaleureux avec en arrière-plan les quelque 500 000 spectateurs du festival de Woodstock qui chantent en chœur en guise de rébellion : c’est ce que nous offre Country Joe McDonald leader du groupe californien Country Joe and the Fish. L’interprétation de cette chanson lui vaudra la réunification d’une nation divisée par la guerre et endeuillée par la perte de soldats, parfois très jeunes. « Je me sens comme si j’étais sur le point de mourir », plutôt facile de comprendre que cette chanson n’est pas une déclaration d’amour à la politique américaine de l’époque. Ce n’est d’ailleurs pas sans intention que le chanteur invite la foule à proclamer un « f-u-c-k » monumental avant de commencer à jouer. Incitation au combat n’est autre que critique du système et de sa propagande. « Whoopee, we’re all gonna die » traduit l’ironie du morceau.
4. Waist deep in the big muddy – Pete Seeger
Composé dans les années 50, à l’heure où les reprises de violence retentissent au Vietnam, ce single intemporel ravive l’utopie d’un monde meilleur. Pete Seeger, légende du folk américain et pionnier de la chanson contestataire, raconte la guerre en faisant écho à l’histoire d’un capitaine exerçant ses troupes en 1942 en Louisiane. Contraint de continuer à avancer dans la boue et la douleur sous les ordres de son sergent, il est condamné et finit par mourir. Ce n’est qu’en 1967 que sort cette chanson qui sera alors censurée lors de sa première interprétation en raison du texte original « the big fool » désignant le chef de l’État américain de l’époque : Lyndon Johnson, dont la politique était très discutée. Répercussion internationale, elle fut adaptée par plusieurs artistes dont Graeme Allwright avec pour titre Jusque sous la ceinture. Un classique.
5. The unknown soldier – The Doors
On ne pouvait terminer sans évoquer les mythiques Doors et cette chanson hors classe qui voit le jour en 1968. The Unkownn Soldier parle d’elle-même. Des paroles plutôt simples guidées par une musique fragmentée en plusieurs parties ; avec en plein milieu des coups de fusils assourdissants reproduisant les horreurs des combats, elle nous envoute. Interprétée lors d’un live au Hollywood Bowl à Los Angeles la même année, Jim Morrison met en scène l’exécution de ce « soldat inconnu » avec l’imitation des armes à feu représentées par la guitare et la batterie en guise de marche militaire. Le mot de la fin « The war is over » atteste du contexte social et politique avec les manifestations de mai 1968 et l’engagement d’une jeunesse antimilitariste. Censurée par un grand nombre de chaines radios, elle n’a d’abord pas été très bien accueillie, mais fut par conséquent appréciée lorsqu’il s’agissait de remonter le moral des troupes. Représentative du rock psychédélique (reconnaissable par des airs hypnotiques et répétitifs), elle témoigne d’une colère, incompréhension et d’un émoi international.