Les 50 ans du chef-d'œuvre sans nom de Led Zeppelin
Le 27 octobre 2021, les réseaux sociaux de Led Zeppelin ont annoncé leur arrivée sur l'application TikTok. À défaut d'en surprendre plus d'un, cette démarche surprise n'est pas sans but et s'inscrit en fait dans la campagne de communication autour de la célébration du 50ᵉ anniversaire du plus culte des albums de Led Zeppelin, Led Zeppelin IV (ou l'album sans nom). Pour l'occasion, le groupe met à disposition des Tiktokeurs plus de 100 chansons de son répertoire, de quoi suffire à la jeune génération pour s'en emparer et donner une seconde jeunesse à ces titres. On peut y voir là un coup de génie quand on sait la seconde vie qu'ont connue des chansons comme Dreams de Fleetwood Mac, Put Your Head On My Shoulders de Paul Anka, ou encore It's My Party de Lesley Gore sur le réseau social. Si cette décision peut paraître étonnante (quoiqu'en phase avec son époque), il n'en reste pas moins que le quatrième album de Led Zeppelin fête cette semaine son demi-siècle et que c'est l'occasion idéale pour nous de vous parler de cette pépite musicale intemporelle !
Des choix judicieux et des symboles mystérieux
On est en 1971, un an après la parution de Led Zeppelin III, encensé par le public, mais étrillé par la critique lorsque 1971, c'est aussi l'année qui enterrera pour de bon l'idéologie hippie. Fini le temps du Summer Of Love et de Woodstock, Charles Manson et Altamont sont passés par là. C'est donc dans un contexte de renouveau que va paraître le 4ᵉ album de Led Zeppelin. Renouveau symbolisé par un choix radical : le prochain opus ne contiendra ni le titre, ni le nom du groupe, et ce, à des fins anti-commerciales. (Fait amusant quand on sait que c'est l'album le plus vendu du groupe). Jimmy Page souhaite ne pas faire référence aux anciens albums pour mieux avancer. Seuls apparaîtront 4 symboles ésotériques. Confectionnés par les membres eux-mêmes, ils se rattachent tous plus ou moins au « Livre des signes » de l'écrivain et mage noir Aleister Crowley.
Jimmy Page dessina le sien, souvent appelé « Zoso », serait un mélange de signes du zodiac et d'autres fioritures. John Paul Jones, le discret bassiste du groupe, lui, choisit le vesica piscis, symbolisant la sagesse et la trinité père, mère, enfant. John Bonham optera pour un logo de marque de bière qui représente une batterie vue du dessus (il paraît oui). Enfin, Robert Plant fera simple, un rond symbolisant l'infini et une plume de Mâat, déesse égyptienne de la poésie, du chant et de l'écriture. Quant à la confection de ce disque, le groupe s'est évidement entouré du grand gaillard et génie du management que fut Peter Grant, qui a fortement contribué à la célébrité du groupe d'une poigne de fer et d'une main de maître.
Peter Grant, un modèle de management
Tous dans la cambrousse
Pour l'enregistrement, le quatuor fait le choix de s'isoler à Headley Grange, un lieu loin de toutes distractions qui leur permet de rester focus sur l'essentiel : la musique. La musique, parlons en justement ! Eh bien dans cet album figure beaucoup de classiques de Led Zep, mélanges pittoresques de ballades acoustiques, de blues et de hard rock bien vénère. À commencer par Black Dog, avec son riff flamboyant teinté de blues et qui parle tout simplement d'un chien qui traînait près de là où le groupe enregistrait. Vient ensuite Rock And Roll, titre fougueux aux références sexuelles, ponctué d'une énergie folle et d'un John Bonham au top de sa forme. Basée sur une improvisation du groupe, elle deviendra l'un des titres phares de la formation. À contrario, Four Sticks, moins connue que les précédentes, est pourtant plus complexe que la plupart des titres, Bonham jouant avec deux baguettes dans chaque main et arborant des airs orientaux. L'un de mes titres préférés, When The Levee Breaks, une reprise d'un vieux blues de 1929, est surtout connue pour la partie de batterie légendaire de Bonham (encore lui), qui sera d'ailleurs samplée par Eminem sur sa chanson controversée Kim. Bonham enregistrera sa piste dans la cage d'escalier de la grange, trouvant la résonance formidable.
No Stairway
Je le sais, quand on parle de cet album mythique, il y a une chanson qui écrase les autres et qui nous accompagne depuis 50 ans. C'est la chanson de nos papas, de nos mamans, la chanson que tous les magasins de guitare en ont marre d'entendre (Coucou Wayne Campbell), je parle bien évidemment de Stairway To Heaven. Il s'agit là de la chanson la plus connue du groupe, souvent considérée comme l'une des meilleures de tous les temps, de par sa douceur, la voix de Robert Plant, l'aspect ballade rock progressif féerique et surtout grâce au solo légendaire de Jimmy Page. Auréolée de la légende urbaine qui dit que si on passe la chanson à l'envers on entendrai des messages à la gloire de Satan dans ses paroles, Stairway a pourtant été conçue comme devant être une piste purement instrumentale. Pour ceux qui, comme moi, ont toujours crus que le début de la chanson était fait à la flûte, ne soyez pas déçus qu'il s'agisse en réalité d'un clavier électrique. On ne va pas épiloguer sur Stairway To Heaven, tout a déjà été dit dessus, je ne peux que vous laisser apprécier la version live présente dans le DVD « The Song Remains The Same ».
Postérité
Stairway To Heaven est la chanson la plus jouée à la radio de tous les temps aux États-Unis. Petit point encore non abordé : la pochette. Tout comme les chansons, elle aussi est passée à la postérité. En plus de son anonymat, on y perçoit le tableau de ce vieil homme avec son fagot de bois sur le dos et un décor citadin. Selon les dires de Page, le tableau en question fut acheté dans une brocante par Robert Plant. Datant du XIXe siècle, lui et Plant constatèrent une ressemblance physique entre ce vieillard et le mentor d'Aleister Crowley, George Pickingill. Comme quoi, tout se recoupe. Au dos de la pochette, on aperçoit la ville de Birmingham et un unique immeuble qui surplombe le décor. Ce design anonyme inspirera celui de Dark Side Of The Moon.
Mais après tout, comment puis-je être objectif lorsque je dois parler d'un album qui a été fondateur de ma culture musicale, à tel point que je me suis fait tatouer les 4 symboles présents sur le disque ? Led Zeppelin IV est au-delà de ce que j'avais entendu jusque-là. Pourvu de qualités indéfectibles et indéniables, il n'y pas de superlatif assez fort qui puisse exprimer le ressenti que j'ai à chaque écoute de cet album.
Il semblerait que je ne sois pas le seul puisque ce 4ᵉ opus est sacralisé par la majorité des musiciens. Il fait partie des disques à inscrire au panthéon du rock, ceux considérés comme un passage obligé pour tous les amoureux du genre et mélomanes en puissance. Figurant parmi les albums les plus vendus de tous les temps, il est évidemment celui le plus vendu par le groupe, dépassant des ventes estimées à plus de 37 millions ! Très éclectique dans son ensemble, passant de la folk au hard-rock, du rock progressif à la musique orientale, sans oublier les racines rock'n'roll et blues, Led Zeppelin nous a offert, il y a 50 ans, un album iconique, précurseur du son rock qui a parcouru la fin du XXe siècle. Pour en savoir toujours plus sur Led Zep, vous pouvez retrouver ici 17 anecdotes que vous ne connaissiez (peut-être) pas sur le groupe.