Quel hit ! Soul Sacrifice de Santana
Imaginez-vous une marrée humaine, un après midi chaud du mois d’août de l’année 69. À la fois hérétique, surnaturel, transcendantal. Entre deux groupes de hippies en pleine montée, résonne un tam-tam. Votre regard se tourne vers la scène et voici venir un jeune homme, n’arborant qu’un gilet de costume, vous invitant au voyage.
Ce rythme endiablé est une des premières compositions de l’artiste. L’aspect crescendo et la montée rapide en début de morceau ne sont qu’un rappel du goût prononcé du compositeur pour l’occulte. Le tempo la fois chamanique, vous permet de plonger en trans dès les premières secondes. Les instruments se rajoutent progressivement, le rythme est sous vos yeux en train de se construire. Une chanson sans paroles peut-être, mais avis aux non avertis, ce ne sont peut-être pas les hommes qui parlent, mais bel et bien les instruments. La communion qu’offre cette réunion, laisse place à l’expression et comme une jam au coin du feu, chacun à son mot à dire.
Santana fait le lien entre tous, jusqu’au tour du batteur : Mike Shrieve. Je continue à me demander comment à la fin du morceau, il n’est pas mort sur son tabouret d’une crise cardiaque. L’expérience est telle, qu’elle invite à une exploration magique. On a beau dire, durant ces quelques jours de concerts, il y avait bien deux voodoo child.
Si le voyage est garanti pour l’auditeur, on sent qu’il l’est également pour l’artiste. Santana, guitariste et auteur de Soul Sacrifice, est à Woodstock, bourré de mescaline. Il imagine donc devoir dompter sa guitare qu’il prend alors pour un serpent.
Avec ses airs de salsa rock, Soul Sacrifice, brise les codes alors en vigueur. Le morceau apporte un son latino et ouvre la voie pour ce que l’on pourrait appeler la world music. Adepte des voyages psychédéliques, Santana apporte une touche de magie et de surnaturel à ses compositions comme sur ceux présent sur Abraxas, sorti un an plus tard et le fameux Black Magic Woman.
Après la première écoute, on est rappelé, on veut y revenir et l’auditeur sort chamboulé de son voyage. Rien ne laissait prédire qu’une chanson sans paroles vous laisserait dans cet état, pas vrai !
Le charme de la pochette de l’album sur lequel est sorti ce morceau ne fait que confirmer l’appétit de Santana pour le voyage, la tête de lion étant un des animaux récurrents dans les expériences d’Ayahuasca.