Play, à l'apogée de Moby
Moby est, on peut le dire, un artiste complet avec un CV qui compile les titres d’auteur-compositeur-interprète, chanteur, musicien, producteur, DJ et même photographe… Richard Melville Hall, (son nom de naissance) est connu pour son mode de vie sain, son véganisme ou encore sa défense des droits des animaux. Artiste engagé, il n’hésite pas à exposer son appartenance au parti démocrate. Il y a 22 ans, il sortait son classique Play, retour sur un album mythique.
C’est en 1999, à la sortie de Play que la carrière de Moby va être chamboulée. Il existe peu d’albums de ces 20 dernières années à avoir gagnés une telle notoriété mondiale. Play, le cinquième album de Moby en fait clairement partie. Il a été vendu à plus de 12 millions d’exemplaires sur 20 millions de ventes au total dans la carrière de Moby…
Condition d’écriture oblige, Play est en train de tourner sur ma platine. À chaque nouvelle écoute, il se passe quelque chose de difficilement explicable. Une addition de styles, d’influences, de souvenirs d’enfance qui font de ce disque une œuvre absolument intemporelle.
Moby a toujours été considéré comme un personnage à part, étrange et inqualifiable. Actif depuis 1978, il se fait un nom dans la scène techno puis dans l'électro et l'ambiante. C’est donc avec Play, qualifié d’album downtempo que Moby va tout écraser sur son passage. Le disque a été enregistré dans son home studio de Manhattan, ce qui lui donne une saveur encore plus particulière.
Étonnement, malgré des critiques élogieuses, Play n'a pas bénéficié d'une grande couverture médiatique à son lancement. Il a connu un lent succès grâce à son apparition dans de nombreuses publicités et films (dont le générique de La Plage avec Porcelain). Tout cela a été possible grâce au fait que Play était le premier album dont l’intégralité des morceaux étaient placés sous licence commerciale à fins médiatique et audiovisuelles.
Avec Play, Moby a totalement réinventé la musique électronique en utilisant (entre autres) des échantillons et samples libres de droits (et donc gratuit) de gospel et de "negro spirituals". Des morceaux comme Honey, Find My Baby, Porcelain ou Why Does My Heart Feel So Bad ne sont plus à présenter. À ne pas oublier que certains de ceux-là sont des samples de grands morceaux de blues. Find My Baby tire par exemple ses parties vocales du morceau Joe Lee’s Rock de Roland Heyes.
On peut considérer que cet album est à part en sachant que les morceaux que je viens de citer composent (dans l’ordre) la Face A de l’album…
Tous ces grands succès n’amputent en rien les racines purement électroniques de Moby avec pour exemple le beaucoup plus expérimental Machete. La deuxième partie de l’album cache de petites pépites ambiantes qui démontrent toute l’ambivalence de Moby. Des titres comme Down Slow, Guitare flute & String ou encore The Sky is Broken mériteraient même aujourd’hui encore plus d’attention que l’avalanche de tubes du début d’album. Ou bien on pourrait tout simplement se dire que les deux se complètent parfaitement, ce qui fait de Play un chef-d’œuvre. Malgré ses autres succès, Moby n'a jamais, et n'atteindra probablement plus jamais les sommets de Play…