Le jour où James Brown a fait un tour par la case prison
En 1988, James Brown entre dans le club - très ouvert – des artistes qui ont eu droit à leur mugshot, ce portrait de police après une arrestation. Il rejoint ainsi Jim Morrisson, Jimi Hendrix ou encore Sinatra. Retour sur une course poursuite folle et l’arrestation du Boss, sans passer par la case départ.
Depuis quelques années déjà, James Brown fait parler de lui, en mal, très mal. Il est de plus en plus exigeant avec son groupe, qu’il considère littéralement comme des employés. Il est impitoyable avec eux et une seule fausse note est taxée de $50. Trop de fausses notes et c’était la porte à grands coups de pieds. On devient pas le Boss de la soul en étant trop soft. Paid the cost to be the boss.
Mais en plus d’en faire baver à son groupe, ses apparitions publiques sont souvent accompagnées de débordements de plus en plus bizarres, parfois violents. Le Boss, le numéro 1 de la soul, devient en 1988 le détenu numéro 155413 du centre correctionnel de State Park en Caroline du Sud.
C’est mi-décembre que Brown commence à purger sa peine de six ans pour port d’arme à feu dans un rassemblement public, à laquelle s’ajoute une course poursuite avec la police et tout ça sous l’emprise de drogues. Les rumeurs d’une possible dépendance au PCP avaient déjà fait échos au moment où son comportement erratique a atteint son paroxysme en septembre de cette même année, lorsqu’il fait irruption dans une compagnie d’assurance située à côté de son bureau, brandissant un fusil de chasse et se plaignant que "des étrangers utilisent ma salle de bain".
Lorsque la police arrive sur les lieux, Brown est fou et engage alors une course poursuite avec la police à travers la Géorgie et la Caroline du Sud. Il essaye d’enfoncer des barrages de police, qui est obligé de tirer dans les pneus de son pick up. Mais rien ne l’arrête – enfin pas tout de suite – puisqu’il continue de rouler sur les jantes de sa voiture sur plusieurs kilomètres.
Ce n’était pas la première fois que James Brown allait en prison. Mais c’était la dernière. C’est à l’âge de 15 ans qu’il va en prison pour la première fois. Issu d’un quartier très défavorisé et enfant d’une famille très pauvre, il force des voitures pour en voler le contenu. Lorsqu’il intègre la prison, il intègre également la chorale pénitentiaire. À sa sortie, il fonde son premier groupe.
Son histoire est un classique de la réussite américaine en matière de self made man. Alimenté par un talent brut et des efforts incessants. Sa force, c'est son envie et son acharnement qui ne faiblissent jamais. Il est devenu une légende de la soul et du R&B grâce à ses morceaux innovants et son sens du spectacle. Il était passionné et entier et a influencé des dizaines d’artistes après lui comme Michael Jackson ou encore Mick Jagger.
Il est libéré en 1991 après avoir purgé la moitié de sa peine. Mais en 1998, les ennuis reprennent et il recommence ses débâcles. Il est arrêté cette année pour quasiment les mêmes motifs que dix ans plus tôt. Il décharge son fusil chez lui et entame une course poursuite avec la police sous emprise de drogues.
Mais cette fois, il est condamné à suivre un programme de réhabilitation pour toxicomanes. En 2004, à l’âge de 70 ans, il est de nouveau arrêté pour violences conjugales envers sa quatrième épouse.
Il meurt deux ans plus tard, et ce n’est qu’en 2006 que ces histoires refont surface. L’homme avait été réhabilité dans la tête des gens et aux yeux de sa patrie. Même s’il s’attirait toujours des ennuis, ce qu’on retiendra de lui, c'est un bourreau de travail qui a laissé derrière lui un héritage énorme qui continue de fasciner. Le roi de la soul était clairement une rock star avec pour motto sex, drugs and rock’n’roll. And work.