Découvrez eden ahbez, Nature Boy et hippie avant-gardiste
George Alexander Aberle aka eden ahbez, personnage mythique, précurseur du mouvement hippie de la moitié des années 60 et grand compositeur mérite aujourd’hui reconnaissance mondiale. abhez disait : "Je suis un être du ciel et de la terre, du tonnerre et des éclairs, de la pluie et du vent, des galaxies." Retour sur cet homme simple et mystique, à la philosophie universelle.
L’utopie eden ahbez
Bien avant l’éclatement du rêve hippie des années soixante, d’autres humains avaient déjà imaginé un style de vie simple, loin de la société de consommation. L’histoire d’eden ehbez, passionnante, mérite une attention particulière.
Nés à Brooklyn en 1908, George et sa sœur jumelle Editha, sont envoyés à l’âge de neuf ans dans un asile pour orphelins hébreux à Chanute, dans le Kansas. eden ahbez sera finalement adopté en 1917. Dans le début des années 30, période de la Grande Dépression, George s’inquiète de sa vie menée au Kansas et décide de se tailler. Il commence alors à sauter dans des trains de marchandises avec clochards et travailleurs migrants. À l’age de 35 ans, eden ahbez prétend avoir traversé les États-Unis huit fois à pied.
En 1941, eden ahbez débarque à Los Angeles et joue du piano à l’Euthropeon, un restau diet et healthy appartenant à John et Verra Richter, des immigrés allemands. La rencontre entre ahbez et ces deux derniers va être déterminante. Les proprios pratiquaient la philosophie Naturmensch et lebensreform, toutes deux nées en Allemagne à la fin du XIXe siècle. Ces philosophies prônaient un style de vie naturel, le nudisme, la nourriture saine, la liberté sexuelle, les médecines alternatives ou encore l’abstention aux vaccins, à l’alcool, aux clopes, drogues, etc. Vous l’aurez compris, une vie en accord avec la nature. Les Nature Boys portaient de longues barbes, des cheveux longs, des sandales et des robes longues. Ils mangeaient des fruits et légumes crus.
C’est pendant les années 40 que George Alexander Aberle devient eden ahbez (et non pas Eden Ahbez, il considérait que les majuscules ne pouvaient s’assimiler qu’aux divinités et plus particulièrement aux mots “Gods” et “Infinity”). Ce (grand) détail en dit déjà très long sur le personnage. Il prétendait survivre avec 3 dollars par semaine. Pendant un temps, eden ahbez vivait et dormait sous le signe Hollywood, classe.
C’est en 1948 qu’il reçoit son premier réel coup de projecteur (et des sous pour financer son mode de vie itinérant). Il compose le morceau Nature Boy, interprété par Nat King Cole. Le morceau devient vite un tube et reste n°1 des charts Billboard pendant 8 semaines. Ce morceau est devenu un standard de pop et de jazz. Une des phrases culte de la chanson est : "The greatest thing you'll ever learn / Is just to love and be loved in return". Nature Boy a ensuite été reprise par bon nombre d’artistes dont Miles Davis ou encore David Bowie.
En 1948, ahbez s'est accroché à un groupe pieux de non-conformistes qui se faisaient appeler les "California Nature Boys". Ils vivaient dans des grottes autour du canyon de Taquitz et dans des jardins luxuriants de Topanga. Ils étaient là deux décennies avant le mouvement hippie. Gypsy Boots, un de ses camarades de la nature, se souvient qu'ahbez avait prédit un jour qu’il y aurait un million de barbes, bien vu...
eden ahbez était une légende à Hollywood pour son style de vie bucolique. Même après que lui et sa femme donnèrent naissance à leur fils en 1948, ils continuèrent à vivre sous les étoiles, avec à peine plus qu'un vélo, leurs sacs de couchage et un presse-agrumes à leur nom. Il donnait aussi des conférences sur différentes sortes de mysticisme oriental au coin des rues de Hollywood.
Un jour, eden ahbez est stoppé par un flic qui, en voyant son apparence de clochard, a supposé qu'il méritait d'être emmené dans un établissement psychiatrique. abhez lui aurait alors calmement dit : "J'ai l'air fou, mais je ne le suis pas. Et ce qui est drôle, c'est que les autres n'ont pas l'air fou, mais ils le sont". Le policier aurait ensuite réfléchi puis répondu : "Tu sais, mon pote, tu as raison. Si quelqu'un te pose des problèmes, dis-le-moi."
Dans les années 60, eden ahbez va sortir son unique album et se montrer proche des Beach Boys. Il est photographié en studio avec Brian Wilson pendant une séance d’enregistrement de l’album Smile.
Eden’s Island, l’unique et si précieux concept album d’eden ahbez
eden ahbez a donc composé de grands morceaux à succès pour divers interprètes. Mais l’essentiel est loin d'être là… En 1960, le patron de Del Fi records l’invite à enregistrer un album, Eden’s island, de l’exotica spirituel qui décrit une société utopique, une vie en paix et harmonie sur une île, la sienne. Si ahbez était né quelques décennies plus tard, peut être aurait t’il fait de la musique psyché ou de la pop. Sauf que la fin des années 50, c’est la musique exotique, l’invitation au voyage d’artistes comme Martin Denny ou Arthur Lyman qui l’emporte.
Dans ce disque, eden ahbez raconte donc son paradis, sur son île, loin de toutes les contraintes de la vie occidentale. Eden’s Island, c’est un peu la rencontre entre Kerouac et Martin Denny, mélangeant poésie beatnik et arrangements exotiques.
Il raconte une philosophie d’autosuffisance ou “hommes et femmes tombent amoureux”, qui à l’époque n’était pas du tout banalisée comme le sera le mouvement hippie plus tard. Avec cet album, abhez nous emmène dans une jungle où congas, bongos, marimba et flutes s’entremêlent pour créer un ensemble idyllique et profond, qui se rapproche d’une réalité universelle. La grande richesse de l’album est son étrangeté. Le son de cette flute en bois artisanale fabriqué par eden abhez en personne amène cet album là où personne n’a jamais osé s’aventurer.
La poésie des textes fait également réfléchir sur notre style de vie du XXIe siècle, sans cesse connecté. abhez nous invite à l’exploration avec des chœurs enchanteurs, des bruits d’arbres qui grincent, d’oiseaux tropicaux. Certains morceaux sont d’une grande douceur avec des textes qui prennent la forme de sermons contés par le gourou eden abhez.
Dans ce morceau, eden ahbez dit :
The world is far
The world is wild
A man needs someone
By his side
The world is deep
The world is high
And no one knows
The reason why
Seasons come,
And the seasons go
The summer fruit,
And the winter snow.
But here we are
And here we stay
Until the time
To go away
All they say
There’s a land, that is great
and his ground, there’s no fear
and no pain
We will all live again
And everyone will find the ones they loved
Dans Full Moon, possiblement le plus utopique et profond de l’album, il raconte :
To live in an old shack by the sea
And breathe the sweet salt air
To live in the dawn and the dusk
A new moon, and a full moon,
The tides, the wind, the rain
To surf and comb the beach,
And gather sea shalls and drift wood
and know the thrill of loneliness
And loose all sense of time
And be free
To hike over the island to the village
And visit the marketplace
And enjoy the music and the food and the people
And to a little trading
And see the great ships come and go
And, man, have me a ball
And in the evening, when the sky is on fire
Heaven and earth become my great open cathedral
Where all men are brothers
Where all things are bound by law
And crowded with love
Poor, alone and happy
I walk by the surf and make a fire on the beach
And as darkness covers the face of the deep
Lie down in the wild grass
And dream the dream that the dreamers dream
I am the wind, the sea, the evening star
I am everyone, anyone, no one.
Tout l’album est un grand joyau à explorer du début à la fin, d’une seule traite. Captain High, un des labels qui a récemment réédité le disque en vinyle décrit l’album comme "musique psychédélique avant même que le terme ne soit inventé". À sa sortie, le disque n’a pas connu le succès mais l’important était ailleurs pour le plus grand des Nature Boys.
eden ahbez, personnage hors du commun, mourra finalement en 1995 des suites d’un accident de voiture. Drôle de destin pour un homme qui décrivait son paradis sur une île hors de toute modernité. Sa musique et son utopie resteront pour autant intemporelles.