Philippe Manœuvre : Cinquante ans de passion.
À l’occasion de la sortie de son dernier livre Une histoire du Rock en 202 vinyles cultes, retour sur les moments marquants du parcours du rock critic le plus célèbre de France.
Critique, scénariste, ami des stars… Nombreux sont les journalistes qui envient la carrière de Philippe Manœuvre. Il y a de quoi : depuis les années soixante-dix, l’Enfant du rock a rencontré les noms les plus marquants de l’histoire de la musique : les Rolling Stones, Led Zeppelin, Johnny Halliday, David Bowie, Eric Clapton… Rédacteur en chef de Rock&Folk durant presque vingt-cinq ans et auteur d’une vingtaine de livres, il atteint la reconnaissance ultime en se faisant remettre la décoration de Chevalier de l’ordre des arts et des lettres par Iggy Pop en 2008.
C’est en 1967 que Philippe Manœuvre connaît une révélation musicale. Il a treize ans et vient de déménager à Châlons-sur-Marne. Il se promène en ville avec sa famille lorsqu’il tombe sur un étrange album en vitrine qui attire son attention d’adolescent : sur la pochette, cinq jeunes hommes qui détonnent à côté des Beatles de Sgt. Pepper's. Cet album, c’est Between the Buttons et ce groupe, c’est les Rolling Stones. Le jeune Philippe est alors fasciné par ces rockers, et n’a alors plus qu’une idée en tête : les rencontrer.
En 1973, il écrit son premier article pour Rock&Folk : il y défend l’album des Stooges, Raw Power. La machine est alors lancée. À 20 ans, il manage les Dogs, alors encore lycéens et quatre ans plus tard, il est rédacteur en chef de la revue de bande dessinée Métal Hurlant. À 25 ans, il devient l’ami de Serge Gainsbourg, dont il parle encore souvent aujourd’hui avec beaucoup d’émotion. S’il y a une chose que force est de constater dans la carrière de Philman, c’est sa rapidité à gravir les échelons. La force de la passion, sans aucun doute.
En 1979, après douze ans d’attente, il rencontre enfin un Stone, Keith Richards. L’entretien dure plus de quatre-vingt-dix minutes, et le courant passe bien entre le mythique rocker et le déjà célèbre critique. Durant plus de trente ans, il va rencontrer et interviewer tous les Rolling Stones. Le Philippe de treize ans aurait été fier.
Les années 80 sont la décennie des Enfants du Rock. Philippe Manœuvre et Jean-Pierre Dionnet animent sur Antenne 2 le programme vedette : Sex Machine. Il s’agit d’un « cocktail inédit : 33% de musique funk, 33% de gags et 33% de filles très dévêtues. » Le premier numéro sort le 14 avril 1983 et révèle le clip aujourd’hui mythique de Billie Jean de Michael Jackson. Sex Machine verra passer pendant plus de six ans les plus grandes stars des années 80, de Madonna à Prince. Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin, et l’émission n’est pas reconduite lorsque Bernard Lenoir prend la direction d’Antenne 2. La raison ? Il trouve « dommage que pour passer de la musique funk on en soit réduit à montrer des gros seins à la télévision ». C’est donc une nouvelle page qui se tourne pour Philippe Manœuvre.
En plus de la télévision, Manœuvre est également présent à la radio, notamment avec sa propre émission Les Grandes Manœuvres, Je fais du rock et bien sûr La Voix du Lézard où il retrouve son ami Jean-Pierre Dionnet.
C’est en 1993 qu’il prend les rênes de Rock&Folk en en devenant le rédacteur en chef. En parallèle, il publie des dizaines d’ouvrages sur la musique, parfois avec des collaborateurs prestigieux tels que Polnareff ou Joey Starr. Philman est arrivé au sommet.
Il prend sa retraite en 2017, sans pour autant dire adieu aux médias. Contacté par Laurent Ruquier, il fait aujourd’hui partie des Grosses Têtes de RTL. Aux yeux des amateurs de musique et des journalistes, il incarne pour toujours l’âge d’or de la critique rock.
