Deacy amp : le petit ampli qui a donné naissance au son de Queen
Certaines découvertes sont bien souvent le pur fruit du hasard. Le légendaire groupe Queen ne déroge pas à la règle et en a fait l’heureuse expérience grâce à son discret mais talentueux bassiste John Deacon. Grâce à ses connaissances en électronique acquises au Chelsea College de Londres et à quelques matériaux de récupération, il va réussir à concevoir un petit ampli à transistors. D’apparence simple, cet ampli va notamment convaincre Brian May, qui l’utilisera sur bon nombre de titres à la guitare tels que Bohemian Rapsody ou A winter’s tale. Mise en lumière d’un élément matériel à l’image de son concepteur : relativement discret et efficace.
Né dans la rue
C'est loin des studios et de la scène que Deacon va découvrir les éléments de base qui vont constituer ce que l’on appellera le « deacy amp » (en hommage à son créateur, naturellement). C’est en passant près d’une poubelle dans le Londres des années 70 que le musicien découvre un circuit à transistors basique provenant d’une radio portable Supersonic PR80.
Le modèle de radio dont le circuit servit à créer l’ampli
Après examen du circuit, il l’associe à une enceinte de chaine stéréo et incorpore l’ensemble dans un caisson de bois : le Deacy amp est né !
Le Deacy amp une fois achevé
Petit ampli, gros potentiel
Bien que cet ampli ne possède qu’une puissance relativement faible (de l’ordre de 10 watts), il est capable de restituer une son suffisamment chaud et agressif digne d’un ampli à lampes classique. Son fonctionnement est extrêmement simple : Deacon n’a même pas ajouté de bouton pour allumer ou éteindre le circuit. Il alimente l’ampli par le biais d’une pile 9 volts qu’il connecte et déconnecte pour brancher l’ampli.
Du côté des boutons de réglage de son et de la connectique, nous sommes aussi sur quelque chose de basique : un simple jack avec un unique bouton de volume. Au fur et à mesure, Deacon se rend compte que le son restitué est le meilleur lorsque celui-ci est poussé à fond. Il emmènera plus tard sa nouvelle création en répétition. Après quelques essais avec la guitare de Brian May connectée directement sur l’ampli plus une pédale pour contrôler et amplifier les aigus, il s’avère que cette configuration génère un son tout à fait nouveau « richement distordu mais défini et soutenu, ressemblant à des choses comme le violon et le violoncelle ou encore la voix ». Ce nouveau son deviendra la « signature » de Queen, que l’on retrouvera sur de nombreux morceaux.
Lors de prises de son et enregistrements, les techniciens apprécient très vite le potentiel de l’ampli, qui sait très vite montrer ce qu’il a dans le ventre pour peu qu’il soit poussé dans ses derniers retranchements. Ce seront d’ailleurs ces derniers qui le baptiseront « Deacy amp ».
L’impact du « Deacy »
Bien que ce petit ampli soit assez méconnu du grand public, il n’en reste pas moins une pièce élémentaire de l’histoire de la musique. Quelques années après sa création, le luthier Greg Fryer (ami de Brian May) entreprend la tâche de faire une copie restaurée du Deacy amp. Les premières copies ne restituaient malheureusement pas le son originel de l’ampli. Encore plus tard, en 2008, un certain Nigel Knight (qui lancera en collaboration avec fryer sa marque de produits audio) intervient dans la conception de la copie de l’ampli de Deacon.
Logo de la marque lancée par Knight et Fryer
Il obtient l’autorisation de démonter l’ampli original afin d’en comprendre le circuit électronique de manière optimale. Le résultat final est alors bluffant à tel point que Brian May en utilisera certains modèles lui-même.
Le « Deacy amp » tient aujourd’hui encore lieu et place de « relique » sacrée de la musique, il est intéressant de constater que la simplicité élémentaire, extrêmement basique de la configuration de cet ampli ne lui a pas empêché de donner naissance la signature sonore d’un des plus grands groupes de la planète. Peut-être y-a-t-il une leçon à dégager de cette histoire ?