Quand les grands groupes reprennent leurs morceaux en douceur #1
Dans le domaine musical, quand on parle de rock, on imagine de suite le son des guitares électriques, un volume sonore à s’en péter les tympans et des morceaux bien virils. Quid de ces chansons douces que nous chantent nos idoles, au son léger d’une guitare acoustique ? Je pourrais vous parler du MTV Unplugged de Nirvana, véritable leçon de la reprise en acoustique, ou encore de Kashmir, de Led Zeppelin, repris par Jimmy Page et Robert Plant en 1994, et de Layla d’Eric Clapton, en 1992, là encore dans le cadre du MTV Unplugged. Mais il existe bien d’autres chansons qui mériteraient qu’on en parle, des petits bijoux de spontanéité dans l’exercice de la musique live et acoustique.
Dans cette série, je vous propose donc de découvrir des versions alternatives de grandes chansons de groupes mythiques, reprises et sublimées par leurs auteurs, pour notre plus grand plaisir ! En route pour la première fournée !
While My Guitar Gently Weeps – The Beatles (Love Version)
Si je vous disais que l'écriture de l'une des plus grandes chansons des Beatles était le fruit du hasard, me croiriez-vous ? Eh bien vous feriez bien de me croire, comme je crois au talent du trop sous-estimé guitariste des Beatles, George Harrison. En 1968, le quatuor prépare son nouvel album, le mythique White Album. Parmi les titres légendaires qui peuplent cet opus, on peut citer Back In The U.S.S.R, Ob-La-Di, Ob-La-Da, Blackbird, I Will, mais surtout l’inoubliable While My Guitar Gently Weeps. Enregistrée à Abbey Road pour la première fois le 25 juillet 1968, George Harrison expliqua avoir écrit la chanson en prenant deux mots au hasard dans le « livre des mutations » : « gently » et « weeps » voulant dire « pleurer doucement ». Et voilà comment le mec a créé l'une des plus belles chansons jamais écrites, le tout en acquérant enfin la place de compositeur qu'il méritait au sein du groupe !
Depuis la création de ce titre, de nombreuses versions démos sont sorties, allant de pair avec les rééditions consacrées au plus grand groupe de tous les temps. Mais celle qui nous intéresse aujourd'hui est la version de 2007, arrangée par George Martin lui-même. En tant qu'ex-manager et producteur des Beatles, il a remixé la chanson en y incorporant un arrangement pour corde et une démo acoustique de la guitare. Cette version intimiste et très émotive du titre fut créée pour le spectacle « LOVE » du Cirque Du Soleil, consacré au Fab Four.
Oubliez les harmonies plaintives du groupe, le solo de guitare légendaire d'Eric Clapton (oui oui, c'est lui qui fait le solo sur le titre original), la version LOVE de While My Guitar Gently Weeps offre un clip et une interprétation admirable et sensationnelle de ce titre légendaire, en plus de contenir un 3ᵉ couplet, absent de la version finale de l’album blanc. Même si le talent du regretté George n'est plus à démontrer, écouter cette version ne vous fera que confirmer l'étendue de sa plume et la douceur qu'il apportait aux compositions des Beatles.
Still Loving You – Scorpions (Taratata avec Vanessa Mae) :
Bon, pour celle-ci, je l’avoue, je triche un peu… Ce n’est pas vraiment une version acoustique. Qu’importe, pour cette chanson je veux bien me faire l’avocat du diable ! Je peux vous assurer que ça vaut le détour. Retournons en 1996 et allons rendre visite à notre Nagui nationale et son émission Taratata. Pour ceux qui ne connaitraient pas le but de cette émission, c’est assez simple : Nagui reçoit des artistes rock qui font une prestation, souvent accompagnés par un autre artiste, afin de les faire connaître ou reconnaître auprès du grand public. Ainsi, les groupes qui viennent jouer reprennent leurs tubes dans une version différente, comme ce fût le cas pour le groupe allemand Scorpions, qui vint interpréter sa power-ballad mondialement connue, Still Loving You, en 1996. Ils ne sont donc pas venus seuls, mais en duo avec la violoniste britannique, d’origine sino-thaïlandaise, Vanessa Mae.
Au-delà d’être le slow sur lequel tous vos parents se sont emballés, Still Loving You est avant tout une chanson de rupture, Klaus Meine évoquant son amour qui perdure alors que sa femme l’a quitté. Il existe aussi un double sens à ces paroles. La chanson étant sortie 13 ans avant cette prestation, soit en pleine guerre froide, le mur évoqué dans le texte fait référence à la ville de Berlin (qui peut être vue comme la femme de la chanson), tiraillée entre le côté Est et le côté Ouest. Quand on pense au pays d’origine du groupe, ça coule de source !
Toujour est-il que lorsqu’un groupe de hard-rock croise le chemin d’une virtuose du violon, il en résulte une version profonde, intense et qui vous hérisse le poil au plus haut point ! Cette prestation compte parmi les plus marquantes de l’émission, et quand vous l’aurez écoutée, vous comprendrez pourquoi !
True Love Waits (Live in Oslo) – Radiohead :
Comment passer à côté de Radiohead sans avoir eu la curiosité d’écouter une version live d’un de leur titre ? J’ai longuement hésité à vous parler de la version acoustique de Creep, qui se trouve sur l’EP My Iron Lung, sorti en 1994, mais j’ai été frappé par l’évidence lorsque j’ai réécouté un petit bijou que j’aimerais vous présenter ! Restons dans la joaillerie et parlons de la manière dont le groupe a façonné ce diamant pur qu’est la chanson True Love Waits.
Pour ce titre, c’est l’inverse des chansons précédentes. Sortie en 2016 sur l’album A Moon Shaped Pool, True Love Waits est en fait une chanson écrite dès 1995. Autant dire qu’ils ont pris le temps de bien la sculpter avant de la publier ! Il faut dire que les fans attendaient la piste avec impatience. En effet, le groupe cumulait déjà les prestations live de la chanson, dès le début des années 2000. Mais parmi elles, une se détache du lot. Il s’agit de la version Live In Olso, du 12 novembre 2001, parue sur l’album live I Might Be Wrong : Live Recordings. « Mais qu’a donc cette version de si spéciale ? » me direz-vous. D’abord, elle est très bien enregistrée pour une version live, ce qui n’est pas négligeable. Ensuite, Thom Yorke joue la mélodie sur une guitare 12 cordes, ce qui, comparé à la version de 2016, donne une profondeur et une mélancolie singulière. En plus, comme à son habitude, le chanteur britannique se donne corps et âme dans son interprétation vocale, à coup d’envolées touchantes et percutantes.
La version studio sortie en 2016 et la version Live In Oslo n’ont rien à voir, si ce n’est les paroles débordantes d’amour. Depuis la parution des nombreuses versions qui existent, peu m’ont touché autant que celle-ci et, comme de nombreux fans, je suis tombé éperdument amoureux de True Love Waits. Vous aussi, passez-vous donc la bague au doigt pour épouser la merveille qu’est Radiohead. Le deuxième épisode de ce format à venir bientôt !