Les mots du jour :
Malaxe, Alain Bashung
La carrière d’Alain Bashung est probablement la plus hors norme de toute la chanson française. Ses 12 albums studios contiennent un lot inimaginable d’idées, d’innovations, de génie. Bashung a toujours su rester fidèle à lui-même, tout en ouvrant de grandes perspectives pour la musique de notre pays. En 1998, il sortait alors le classique Fantaisie Militaire, autant salué par les critiques que commercialement. L’album se lance avec le chef-d’œuvre Malaxe, que l’on met aujourd’hui à l’honneur.
Au sujet de ce morceau, Alain Bashung avait dit : "L'idée m'est venue à partir d'un constat sur l'évolution de l'architecture. Lors de la dernière tournée, à travers les villes que j'ai pu traverser, je me suis rendu compte à quel point les maisons étaient de plus en plus dégueulasses, sans caractère, propres à faire naître des idées fascisantes. J'ai eu envie de réfléchir sur la façon dont les gens disposent d'autres gens, influencent leur vie quotidienne, modifient leurs comportements. Et puis j'ai pensé à la sculpture, au rapport de l'homme à l'homme, ou de l'homme à la femme, à cette façon qu'on a, à travers nos relations professionnelles ou affectives, de se fabriquer les uns les autres : on se transforme mutuellement, on se manipule, et si parfois le résultat est probant, d'autres fois il se produit une catastrophe. Chacun a sculpté l'autre et, au bout d'un moment, on s'aperçoit qu'on a façonné deux monstres. Alors on part, ou on s'enferme, afin d'essayer de se désintoxiquer de l'influence de l'autre. Ce que je raconte m'est arrivé. Chacun de mes disques s'est construit sur une rupture, un chaos affectif ou un déménagement. Je ne crois pas avoir fait deux albums dans le même contexte."